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Vous en parlerez aujourd'hui. Fañch ou Fanch ? Le signe diacritique qui fait trembler la République

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, un tilde sur le "n" qui secoue la Bretagne.

Article rédigé par Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une carte d'identité avec le prénom : Fañch. (FRED TANNEAU / AFP)

Fañch ou Fanch ? Voilà une question qui est à deux doigts de faire vaciller la République sur ses fondamentaux. Depuis mai 2017, une famille de Quimper se bat pour que l’état reconnaisse le prénom de leur enfant. Fañch, avec une petite vague sur le "n" que l’on appelle un tilde, et très courant en breton, en basque ou en catalan, mais qui n’existe pas dans la langue française.

Le procureur de la République saisit le tribunal au nom du respect de la langue française et, à peine né, cet enfant et son tilde étaient en train "de rompre la volonté de notre Etat de droit de maintenir l’unité du pays". D’un coup, c’est un peu lourd pour un enfant de quelques semaines. Il ne faudra pas d’étonner si dans quelques mois le dessin animé préféré de cet enfant soit "Pepppa Pig fabrique des cocktails Molotov".

Le tilde et l'ordonnance de Villers-Cotterêts 

Le tilde de la discorde est peu à peu devenu un symbole. Le conseil culturel de Bretagne se saisit de l’affaire, puis le département du Finistère, puis la région Bretagne, une vingtaine de députés de la majorité en appellent au garde des Sceaux... Mais rien à faire, ça ne passe pas. La justice ressemble alors à cette personne qui vous dit : "Je connais très bien la Bretagne, hier encore j’ai mangé des crêpes à Montparnasse." 

Fañch ou Fanch, pendant plus d’un an la famille, aidée par ses différents soutiens, s’affronte à l’Etat. On ressort une circulaire ministérielle datant de 2014 qui établit une liste limitative de seize signes diacritiques (accent, tréma, cédille, etc.) "connus de la langue française", pouvant donc être utilisés par l'état civil. Le tilde n'y figure pas. Alors à ce moment-là, les parents ressortent quoi ? L’ordonnance de Villers-Cotterêts qui en 1539 impose le français dans les actes officiels.

Et que trouve-t-on dans cette ordonnance royale ? Un tilde. Le ministère de la Justice trouve une parade et tient peu rigueur du patrimoine administratif. Les parents persévèrent, font appel du jugement qui les prive de tilde en déposant un recours devant la cour d’appel de Rennes, qui rendra sa décision le 19 novembre prochain. C’est d’ailleurs peut-être pour ça que ça prend du temps, ce remaniement : il faut vérifier auprès de la haute autorité à la vie du tilde si il n’y a pas un tilde sur le nom d’un ou une ministre, ne pas oublier : dans cette histoire, la République est au bord du gouffre !

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