Vous en parlerez aujourd'hui. "Le vin n'est pas un alcool comme les autres" : les propos de Didier Guillaume choquent les médecins
Tous les jours de la semaine, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, défend la consommation de vin.
En défendant le vin comme un alcool moins nocif que les autres, le ministre de l'Agriculture s'est attiré les foudres des specialistes de l'addiction. La scène se déroule hier matin sur RMC. Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation répond à une question concernant le plan national contre les addictions présenté discrètement la semaine dernière.
Dans ce plan, peu de nouvelles choses concernant la lutte contre la dépendance à l’alcool ; quant au vin, il est très peu évoqué et c’est normal selon Didier Guillaume : "Je ne crois pas que le vin soit un alcool comme les autres. L'addiction à l'alcool est dramatique mais je n'ai jamais vu un jeune qui sort en boîte de nuit et qui est saoûl parce qu'il a bu du Côtes-du-Rhône, du Croze-Hermitage, du Bordeaux ou des Costières-de-Nîmes, jamais. Il faut éduquer à boire un verre de vin." Là, c’est un cas d’école car Didier Guillaume fait un strike et s’attire la colère de nombreux médecins et addictologues.
Primo, le vin c’est de l’alcool. C’est une tradition, c’est une histoire, c’est une aventure humaine mais c’est de l’alcool. En acheter, c’est aider les producteurs français mais ce n’est pas pour cela que ça ne provoque pas d’ivresse. Ce n’est pas parce que vous achetez une voiture française que la route présente moins de risques. On estime à cinq millions de Français ayant des problèmes avec l’alcool, dans lequel on trouve le vin.
Boîte de nuit ou caviste ?
Deuxio, où est cette boîte de nuit qui sert "du Côtes-du-Rhône, du Croze-Hermitage ou du Costières-de-Nîmes" ? Un endroit avec un peu de musique et du vin, ça s’appelle chez Nicolas et ça ferme à 20 heures. Didier Guillaume va-t-il danser chez Nicolas ? En boîte de nuit, c’est du mauvais champagne, du whisky de faible qualité, un peu de Get 27 pour l’haleine. C’est très rare que sur les parkings on entende des gens dire : "Vas-y amène ton Croze-Hermitage, on va le mélanger avec du Red Bull"..
Ces propos ont choqué beaucoup de médecins et d’addictologues, qui conseillent au ministre d’aller faire un tour aux urgences un soir de Beaujolais nouveau ou lors des férias du sud de la France.
Tertio, de nouveau on soupçonne un ministre de l’Agriculture d'être proche du lobby du vin et ça c’est un pilier de la "macronie". On peut tout bousculer, la SNCF, le droit du travail, lancer des grands débats, expérimenter... mais toucher au vin, ça rend nerveux.
En février 2018, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, déclarait sur France 2 : "En termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka, du whisky, il y a zéro différence." La filière vinicole est goulot debout et Christophe Castaner, à l’époque délégué de La République en Marche, avait une parade toute trouvée : "Il y a de l'alcool dans le vin. C'est un alcool qui n'est pas fort. Il n'est pas notre ennemi." Emmanuel Macron explique même à l’époque qu’il boit du vin midi et soir. Voilà son secret pour parler pendant sept heures. Etrangement, Agnès Buzyn n’a pas réagi aux propos de Didier Guillaume. Il lui enverra un magnum de Croze-Hermitage pour se réconcilier.
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