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Vous en parlerez aujourd'hui. Les grandes marques de chocolat accusées d'exploiter des réfugiés pour quelques noisettes

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, la récolte des noisettes pour Nutella.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
D'où viennent les noisettes contenues dans le Nutella et autres barres chocolatées ? (MAXPPP)

Mais d'où viennent les noisettes contenues dans le Nutella et autres barres chocolatées ? Le New York Times a enquêté et dresse un terrible constat d'exploitation de réfugiés syriens dans des fermes en Turquie pour des salaires de misère.

En France, le mythe du séducteur italien est toujours alimenté par cette pâte à tartiner et son couvercle blanc qui résiste mais qui au final se laisse ouvrir, libre à chacun d’interpréter cette phrase. On en consomme 26% de la production mondiale et depuis 1965, il faut bien le dire : avec Nutella, nous avons une relation un peu toxique. Pour lui faire plaisir, on se fait même pousser des poignées d’amour. On sait que c’est composé à 56% de sucre, également d’huile de palme dont la culture intensive assèche les nappes phréatiques et fait disparaître les populations d’orang-outans à Bornéo. Qu’est-ce qu’il nous reste ? Il nous reste les noisettes et ce goût. Mais au fait elles viennent d’où, ces noisettes ? Elles proviennent de Turquie, de la côte nord, là où sont produits 70% des noisettes consommées dans le monde. Une production intense qui permet à Nestlé, Godiva ou Ferrero, propriétaire de Nutella entre autres, de s’approvisionner.

Neuf euros par jour

Problème : d’après une enquête du New-York Times, ces 600 000 exploitations à noisettes emploieraient massivement des réfugiés syriens acculés par la misère et sans aucune protection sociale, puisque leur statut de protection temporaire ne leur donne pas le droit d’avoir un permis de travail. Ils se tournent donc vers l’agriculture où la législation est très laxiste, et le travail sans protection à récolter de la noisette pour neuf euros par jour. Neuf euros, un salaire si faible que la plupart font travailler leurs enfants à leurs côtés. On en rajoute un peu plus ? La plupart de ces familles voient leur salaire ponctionné de 10% par des intermédiaires en lien avec le responsable de l’exploitation . 

Les grands groupes s’offusquent, critiquent, condamnent. La famille Ferrero par exemple, c’est 20 milliards d’euros et dans ce milieu la réputation est importante mais les noisettes aussi. Pour l’instant il est impossible pour les fabricants de pâtes à tartiner ou de barres chocolatées de se passer des producteurs turcs. Pour nous, c’est un peu délicat puisque la plus grosse usine de Nutella au monde se trouve en France, en Normandie d’où sortent chaque jour près de 600 000 pots. Huile de palme, surpoids, travail des enfants mais comme dirait la dernière pub Nutella : "On ne va pas tourner autour du pot". C’est simple.

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