Dernière ligne droite pour Donald Trump et Kamala Harris : rallyes, polémiques et anxiété
Le meeting de Donald Trump, au Madison Square Garden à New York, est l’un des meetings les plus fous de cette campagne. "C'est un endroit mythique, là où se produisent toutes les plus grandes vedettes", explique Frédéric Arnould de Radio Canada. "Certains démocrates ont un rapprochement entre ce qui est arrivé au Madison Square Garden en 1939, où à l'époque on avait les Américains d'origine allemande qui s'étaient rassemblés, et ce qui a été dit par Donald Trump" sur l'immigration, les Juifs, les Palestiniens."c'était un festival haineux et raciste", estime Frédéric Arnould.
Donald Trump a une fois encore diabolisé les migrants pendant son discours et fait de dangereuses promesses. "Dès le premier jour, je vais lancer le plus grand programme de déportations de l’histoire du pays", a-t-il déclaré.
Invité, le comique Tony Hinchcliffe n’a fait rire qu’une partie du pays, et a même réussi à énerver des républicains. "Il a fait partie de la longue liste d'intervenants qui ont enchaîné les propos racistes, insultants. Il s'en est pris notamment à Porto Rico, territoire américain qui ne vote pas", explique Sébastien Paour de franceinfo. Tony Hinchcliffe a ainsi déclaré : "Je ne sais pas si vous savez, mais il y a littéralement une île flottante d'ordures au beau milieu de l'océan. Je pense que ça s'appelle Porto Rico." Il y a un demi-million de Portoricains en Pennsylvanie. Donc perdre leur voix n'est pas sans conséquences.
Des propos avec lesquels Donald Trump a pris ses distances. "Le surlendemain à Allentown, en Pennsylvanie où il y a une grande communauté euh portoricaine, il a déclaré que personne n'avait jamais fait autant que lui pour Porto Rico", explique Guillaume Naudin, de RFI. Pour Jordan Davis, de la RTS, "Donald Trump n'a pas vraiment pris ses distances vis-à-vis de ces remarques. On sent le dédain quand il prononce le nom Puerto Rico. Donald Trump pensait même à vendre cette île qui considérait comme sale. Je ne suis pas sûr que les propos de Donald Trump suffisent vraiment pour éteindre cette déflagration."
Les démocrates misent sur les États clés
Autre camp, autre ambiance lors d'un show des démocrates à Atlanta. "C'était un concert où il y avait Bruce Springsteen, Barack Obama, et de nombreuses personnalités qui sont venues parler", expliquent Sébastien Paour et Guillaume Naudin.
"C'était la première fois que Kamala Harris faisait campagne dans un stade", explique Guillaume Naudin. "Elle a réussi à le remplir, environ 20 000 personnes pour cet évènement. On sent vraiment qu'avec ce meeting, il y a une volonté de remettre un peu d'enthousiasme dans la campagne."
Barack Obama a de nouveau prévenu des risques d’une présidence Trump. “On n'a pas besoin pendant quatre ans d'un homme qui veut devenir un roi, un dictateur."
Entre Atlanta et son grand rallye de campagne à Washington, Kamala Harris s’est notamment arrêtée en Pennsylvanie, à Philadelphie, pour un petit rallye avec quelques milliers de personnes. Beaucoup d’enthousiastes, mais encore des démocrates pas convaincus par sa campagne.
Face à 75 000 personnes réunies sur le Mall, la célèbre étendue verte à Washington qui fait face à la Maison blanche, selon la campagne de Kamala Harris, la candidate a prononcé son discours mardi 29 octobre. Les démocrates voulaient montrer "un rassemblement bon enfant", selon Frédéric Arnould. "Le ton était beaucoup plus rempli d'espoir, on mettait l'accent sur l'optimisme."
Certains électeurs avaient fait le déplacement parce qu'ils avaient peur qu'il n'y ait pas assez de monde. Ils voulaient "que cela soit plus gros que les meetings de campagne de Trump.” C'est une ville où les gens sont passionnés de politique. "Comme ce n'est pas un État clé, et ils n'ont pas souvent l'occasion d'avoir des rassemblements comme celui-là. Et pour eux, c'était peut-être aussi, l'occasion enfin de pouvoir se montrer, de pouvoir se lâcher de participer à un événement pareil. C'était le plus gros événement de la campagne jusqu'à présent", selon Guillaume Naudin.
Des panneaux géants portant le mot liberté étaient installés aux côtés de la scène. Kamala Harris s’est présentée en antithèse de Donald Trump, et a dépeint un sombre avenir s’il était élu. “C’est quelqu’un d'instable, obsédé par la vengeance, rongé par le ressentiment et en quête d'un pouvoir sans limites.”
Le rôle des grands électeurs est primordial
Ce 30 octobre, il y a déjà plus de 55 millions de votes anticipés sur 244 millions d'électeurs dans ce pays et une population de 330 millions. "Je crois que les chiffres sont assez importants au regard de 2020, qui était une élection sous Covid, où les gens ont beaucoup voté à distance", estime Sébastien Paour.
Aux États-Unis, "on vote pour une préférence sur le bulletin de vote, mais dans le fond, c'est 538 personnes qui à travers le pays représentent les États. Donc il y a des États très riches en grands électeurs, comme la Californie qui en a 54, le Texas, 40, la Pennsylvanie, 19", explique Frédéric Arnould. "Leur responsabilité,c'est de devoir regarder ce qui se fait dans leur État et une fois que le vote a été prononcé, ils se réunissent et doivent donc authentifier, officialiser, ce fameux vote et ensuite tous ces résultats sont envoyés au congrès qui va être au centre de ce comptage, de cette certification."
"Washington d'ici" est un podcast des médias francophones publics. Deux fois par mois, les correspondant·e·s de franceinfo, la RTBF, Radio-Canada, la RTS et RFI décryptent, à leur manière, les toutes dernières infos de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2024. Avec Sébastien Paour (franceinfo), Jordan Davis (RTS), Frederic Arnould (Radio-Canada), Sonia Dridi (RTBF) et Guillaume Naudin (RFI). Réalisation : Philippe Benoît (RTBF) et Régis De Rath (RTBF).
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