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Etats-Unis : Trump lance un bras de fer avec le Sénat pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême

Chaque matin, l'actualité de la campagne pour l'élection présidentielle américaine racontée par l'envoyé spécial permanent de franceinfo aux Etats-Unis : c'est Washington direct.

Article rédigé par Grégory Philipps
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Capitole, où siègle le Sénat américain à Washington DC. (MANDEL NGAN / AFP)

Tout va se jouer au Sénat et la guerre de tranchées a déjà débuté : en lice pour sa réélection, le président Donald Trump a promis qu'il nommerait rapidement "une femme très talentueuse" pour remplacer la juge Ruth Bader Ginsburg, une icône féministe et progressiste décédée vendredi 18 septembre à 87 ans des suites d'un cancer.

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Pour entériner le choix du président, il faudra que le Sénat donne son feu vert. Aujourd'hui, il y a 53 républicains d'un côté, contre 47 démocrates de l'autre. Il suffit que quatre sénateurs républicains retournent leur veste et refusent à Donald Trump la nomination à vie d'un nouveau magistrat à la Cour suprême pour que le pari soit raté pour le président Trump. La pression est énorme sur les épaules de ces sénateurs républicains, d'autant plus que le 3 novembre, leurs sièges aussi sont remis en jeu. Ce qui veut dire que dans leurs Etats respectifs, au niveau local, le choix qu'ils vont faire peut avoir des conséquences sur leurs propres mandat.

Le Sénat, vrai lieu du pouvoir politique

Et c'est là qu'on entre dans une âpre bataille politique. Est ce que tous les sénateurs républicains vont accorder à Donald Trump la désignation d'un nouveau juge à la Cour suprême en pleine campagne présidentielle ? C'est la vraie question et pour ainsi dire la seule. Pour l'instant, seule la sénatrice républicaine de l'Alaska Lisa Ann Murkowski, traditionnellement très anti-Trump, a dit qu'elle ne voterait pas cette nomination alors qu'on est si proche de l'élection présidentielle. Sa collègue du Maine, Suzanne Collins, déclare que le Sénat ne devrait pas faire cela, mais elle n'a pas complètement tranché. Il y a deux ou trois autres sénateurs républicains qui peuvent flancher. Notamment celui de l'Utah, Mitt Romney. Mais il faut se souvenir que pour la nomination du juge Kavanaugh, il y a deux ans, tout le camp républicain, finalement, avait voté sa nomination.

C'est une affaire qui montre incontestablement l'importance énorme de ce Sénat, comparé à celle de la Chambre des représentants, par exemple. Ce groupe de 100 sénateurs peut destituer un président, nommer des juges à vie à la Cour suprême, influer sur la politique étrangère du pays. Le vrai lieu du pouvoir politique à Washington, c'est le Sénat. Or, c'est une chambre où chacun des 50 Etats est représenté par deux sénateurs. Cela veut dire que le Montana, par exemple, pèse autant que la Californie. Donc, le Sénat est majoritairement structurellement dominé par les États bancs et ruraux, conservateurs. Et donc, avec cet épisode, Ruth Bader Ginsburg, on mesure bien les conséquences que cela peut avoir avec peut être un basculement complet de la Cour suprême dans le camp conservateur, et ce, évidemment pour des années.

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