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Retrait d’Afghanistan : comment Hollande tente d'arrondir les angles

Objetcif double pour le président lors du sommet de Chicago : rester ferme sur sa promesse de campagne sans pour autant froisser les alliés de l'Otan.  

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président français (à droite) François Hollande et son homologue américain, Barack Obama, lors du sommet du G8 à Camp David (Etats-Unis) le 19 mai 2012. (MANDEL NGAN / AFP)

François Hollande marche sur des œufs. Le président de la République doit expliquer les modalités de retrait des troupes françaises d'Afghanistan lors du sommet de l'Otan à Chicago, dimanche 20 mai. Avec un objectif double : rester ferme sur sa position, sans pour autant froisser les alliés de l'Otan.  

Convaincu que la mission de la force internationale est terminée, François Hollande s'est engagé lors de la campagne présidentielle à les soldats français d'Afghanistan "en bonne intelligence" avec les alliés de la France, "sans prendre le moindre risque pour nos troupes".

• Rester ferme sur une promesse électorale...

La France a décidé d'accélérer le processus en retirant ses troupes combattantes d'ici la fin 2012, c'est un engagement de François Hollande. Et le nouveau président l'a fait savoir dès son arrivée à Washington vendredi lors d'un entretien avec Barack Obama, affirmant que cette promesse faite pendant la campagne électorale n'était "pas négociable". "J'ai rappelé devant le président Obama que j'avais fait la promesse de retirer nos troupes de combat d'Afghanistan à la fin 2012" a indiqué le nouveau président français à la Maison Blanche.

"Je ne dis pas que le président Obama a adhéré à ce que je lui disais, mais sur ces bases-là, c'est-à-dire une décision de la France, seule, qui ne veut pas faire de leçons à d'autres mais qui veut prendre ses responsabilités, nous pouvons trouver un point d'accord", a ajouté samedi François Hollande à Camp David, lors de la réunion du G8. "Sur l'organisation du retrait, c'est-à-dire, dans l'année 2012, à quel rythme les troupes combattantes rentreront d'Afghanistan, il y aura des réunions tout au long des prochains jours en France (...) avec le ministre de la Défense et les chefs d'état-major", a ensuite précisé François Hollande.

• ... Tout en ménageant ses alliés

La décision de François Hollande n'est pas une surprise pour les membres de l'Otan qui participent à la coalition en Afghanistan. Ces derniers mois, Jean-Yves Le Drian, un proche de François Hollande, nommé mercredi ministre de la Défense, s'est rendu à Washington, Londres et Bruxelles, pour déminer le terrain. Il avait notamment fait valoir à ses interlocuteurs que le calendrier de l'Otan avait déjà été remis en cause par Nicolas Sarkozy, qui avait avancé d'un an le retrait des troupes après la mort en janvier de quatre soldats français. Et Jean-Yves Le Drian a continué sa mission "déminage" samedi au Pentagone son homologue américain, Leon Paneta, le rassurant sur la "solidarité des alliés" en Afghanistan. Pour le ministre français, Chicago sera un "sommet de consensus".

Concrètement, la France compte encore 3 400 soldats et 150 gendarmes en Afghanistan, notamment à Kaboul et en Kapisa (est), au sein de la force internationale (Isaf) d'environ 130 000 hommes. Et François Hollande a fait une concession à la réalité du terrain : il a limité le retrait des forces fin 2012 aux seules "troupes combattantes". Ce qui signifie clairement que tous les soldats français n'auront pas quitté le pays à cette date. "Le retrait logistique est plus long et nécessite aussi de la sécurisation", a indiqué samedi le ministre de la Défense français. Outre le maintien d'un contingent pour des missions de formation de l'armée et de la police afghane, des troupes françaises devraient donc rester en Afghanistan pour protéger le matériel, notamment 900 véhicules et 1 400 conteneurs, et en assurer le rapatriement en bon ordre."Evidemment, cela ne veut pas dire que nous quittons la coalition mais que notre présence sera différente", a répété Jean-Yves Le Drian. 

Garder une présence en Afghanistan sans être directement exposé au front, c'est le compromis choisi par la France. D'autant que le contingent français n'est pas une force majeure (3 400 hommes sur 130 000) au sein de l'Isaf. Avant la France, les Pays-Bas en 2010, ou le Canada en 2011, ont déjà retiré leurs troupes, et les Etats-Unis s'apprêtent à rapatrier 23 000 hommes durant été 2012.

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