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Roland-Garros 2022 : Alexander Zverev, le mal-aimé du Top 6

L’Allemand, qui dispute face à Rafael Nadal sa deuxième demi-finale à Roland-Garros vendredi, ne bénéficie pas de la même aura que les autres meilleurs joueurs mondiaux qui l’entourent.

France Télévisions - Rédaction Sport
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Alexander Zverev lors de son match face à Carlos Alcaraz, à Roland-Garros, le 31 mai 2022. (IBRAHIM EZZAT / NURPHOTO via AFP)

Ce n’est pas son nom qui revient le plus souvent dans la bouche des supporters. Pourtant, Alexander Zverev est bien présent dans le dernier carré de Roland-Garros, pour la deuxième année de suite. En déchaînant moins de passion que ses adversaires du Top 6. Opposé à Rafael Nadal, vendredi 3 juin, il n'aura pas, cette fois non plus, les faveurs du public.

1/4 de finale : le résumé du match A. Zverev - C. Alcaraz

Entre les légendes Djokovic et Nadal, Medvedev, le premier de la "next-gen" à décrocher un Grand Chelem, le charme de Tsitsipas ou l’attractivité du jeune phénomène Alcaraz, le numéro 3 mondial détonne. La faute à un comportement pas toujours exemplaire sur les courts, et des affaires extra-sportives qui le poursuivent. 

"Pas de connexion émotionnelle avec les fans"

Même dans sa patrie, le natif d'Hambourg n'est "pas très apprécié", souligne Klaus Bellstedt, journaliste allemand à Roland pour Der Spiegel. "Disons qu’il n’y a pas de connexion émotionnelle entre lui et les fans. Zverev a certes un peu gagné en popularité avec la médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo, mais il reste peu aimé." D'après lui, plusieurs raisons expliquent cette faible notoriété : "Déjà, parce qu'il ne vit plus en Allemagne. Il s’entraîne à Monte-Carlo, donc le public s'identifie moins à lui. Mais aussi parce qu’il a ce côté froid, arrogant et fier."  

Bien que le tennis ne soit pas un sport aussi pratiqué et répandu qu'ailleurs en Europe, "comme l'Italie peut être totalement derrière Berrettini ou Sinner", souligne Klaus Bellstedt, le pays a eu son lot de stars par le passé - à commencer par Steffi Graf ou Boris Becker. "On ne peut absolument pas comparer l'aura de Zverev à celle de Becker. Il y a une part de personnalité forcément, parce que Becker était beaucoup plus accessible et sympathique", explique Klaus Bellstedt qui ne voit qu'une solution pour que "Sascha" gagne en popularité : "Remporter un premier Grand Chelem. Même s'il a gagné des Masters 1000 et qu'il fait partie des meilleurs depuis quelques années maintenant. Gagner un tournoi du Grand Chelem pourrait changer la donne. Exactement comme pour Becker, qui a conquis les cœurs dans la foulée de son titre, en 1985 à Wimbledon", conclut le journaliste de sport.

Des coups de sang sur le terrain

Sur les courts, Alexander Zverev ne brille pas toujours par son attitude. Souvent agité, prêt à laisser déborder son énervement ou sa frustration, l’Allemand s’est construit, depuis ses débuts professionnels en 2014, une réputation de nerveux et colérique. Il s’est déjà attiré les foudres du circuit pour ses coups de sang.

Sa dernière frasque, l’une des plus sérieuses, date du tournoi d’Acapulco, fin février 2022. Après une défaite en double, il avait violemment frappé la chaise de l’arbitre avec sa raquette, avant de l’insulter et d’adresser un dernier coup de raquette. Il avait été exclu du tournoi dès le lendemain, alors qu’il était encore en lice en simple, avant que l’ATP ne le sanctionne de deux mois de suspension avec sursis (et 25 000 € d’amende). "Il s’est tiré une balle dans le pied avec ses pétages de plomb", résume Klaus Bellstedt.

L'Allemand s'est rapidement exprimé, après sa victoire au deuxième tour face à Sebastian Baez le 26 mai, sur la pression qu'il subit au quotidien. "Nous sommes constamment sous les projecteurs", s'est-il justifié. "Je pense que les joueurs d'il y a 20 ou 30 ans ne réalisent pas à quel point aujourd'hui le moindre incident peut être vu par une caméra et que quelqu'un va écrire à ce sujet. Avec les réseaux sociaux, il y a aujourd'hui beaucoup plus d'implication et de haine..."

Accusé de violences conjugales

L’image de l’Allemand a également été entachée par les accusations de violences conjugales de son ancienne compagne, Olga Sharypova. Dans un long article publié sur Racquet Mag en octobre 2020, la joueuse ITF avait dénoncé des “abus émotionnels et physiques”, avec des “blessures physiques et psychologiques” causées par l’Allemand.

Un peu moins d’un an plus tard, en août 2021, Olga Sharypova confirmait ses accusations à Slate, s’attardant sur un épisode particulièrement violent lors du Masters 1000 de Shanghai en 2019. Le joueur allemand l’aurait battue et insultée, la poussant à s’injecter elle-même de l’insuline après une dispute. "Depuis cette histoire, beaucoup de journalistes internationaux le "boycottent", affirme Klaus Bellstedt. A ses conférences de presse à Roland-Garros, il n'y a quasiment que des Allemands. Lui en rit plus qu'autre chose, ça ne l'atteint pas."

Les révélations avaient poussé l’ATP à ouvrir une enquête interne, en octobre dernier, autour du comportement de Zverev à Shanghai. Une nouvelle accueillie avec soulagement par l'Allemand, qui nie les faits qui lui sont reprochés, et qui espère pouvoir “laver son nom”, comme il l’avait expliqué en conférence de presse avant son entrée en lice à Indian Wells en 2021.  

Une deuxième finale en ligne de mire

Avec cette demi-finale, Alexander Zverev espère sans doute commencer à enchanter les supporters. Il aura fort à faire face à un Rafael Nadal roi des lieux porte d’Auteuil, poussé par un public acquis à sa cause. Sans oublier l'enjeu sportif. En cas de victoire, l’Allemand s’offrirait sa deuxième finale de Grand Chelem en carrière, deux ans après l’US Open. Et l’occasion de devenir le deuxième membre de la “next-gen” à soulever un Majeur.

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