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Roland-Garros 2022 : les qualifications pour les Grands Chelems, une bouffée d'air financière pour les joueurs et joueuses du circuit secondaire

Les qualifications pour les tournois du Grand Chelem permettent souvent aux joueurs et joueuses moins bien classés de décrocher un coup de pouce financier pour leur saison.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les qualifications peuvent représenter un gain financier pour les joueurs et joueuses moins bien classés. (MATTHIEU MIRVILLE / MATTHIEU MIRVILLE via AFP)

Depuis lundi, la semaine de qualification à l’édition 2022 de Roland-Garros bat son plein. Pour les 256 engagés dans les tableaux féminins et masculins, c'est l'occasion de décrocher un ticket pour le prestigieux tournoi final, et de s’offrir une belle aventure. Mais cette semaine est aussi un moyen pour celles et ceux les moins bien classés de récolter des gains qui peuvent sauver leur saison.

“Dans les qualifications des Grands Chelems, on a surtout la pression financière, plus que les points et le côté purement sportif”, résume Geoffrey Blancaneaux, engagé mercredi 18 mai dans le 2e tour du tableau des qualifications à Paris. Pour ces joueurs, classés au-delà de la 100e place mondiale, le tableau final d'un Grand Chelem peut se révéler être une énorme bouffée d'air frais, voire même une poule aux oeufs d'or.

Cette année, Porte d’Auteuil, une sortie au 1er tour des qualifications rapporte 14 000 euros, 20 000 au deuxième tour, et 31 000 au troisième. Une élimination au 1er tour du tableau principal ramène 62 000 euros. Des sommes qui dépassent de loin les dotations des tournois du circuit Challenger, la 2e division des tournois internationaux. En tournoi Challenger 125, les mieux dotés, une victoire rapporte ainsi entre 15 000 et 21 000 euros. Mais ces tournois sont minoritaires (4 sur 62 entre janvier et mai 2022) sur le circuit secondaire, composé en grande partie de compétitions où les primes sont encore moins élevées. 

Faibles dotations sur le circuit secondaire

Au troisième échelon de compétition, les tournois masculins et féminins de l'ITF (International tennis federation) sont encore moins bien dotés (entre 2 000 et 4 000 euros en 2021). A cela, il faut aussi ajouter les dépenses, que les joueurs doivent parfois eux-même assumer. “Il y a tellement de dépenses, en Challenger”, rappelle Geoffrey Blancaneaux (23 ans, 195e mondial). “Parfois, on fait un match, on gagne 500 euros, ça ne suffit même pas à couvrir le billet d’avion.”

Atteindre le tableau final peut donc représenter un apport financier extraordinaire pour ceux qui sortent vainqueurs des qualifications. “C’est de l’argent qui aide”, affirme Océane Babel (18 ans, 593e mondiale), qui a disputé le premier tour de Roland-Garros l’année dernière et qui joue mercredi le 2e tour des qualifications. “Personnellement, j’ai la chance d’être aussi soutenue par la Fédération, mon département, mais c’est vrai que ces gains là peuvent beaucoup aider. On ne les refuse pas."

"Financièrement, ça nous permet de respirer un peu en milieu d'année, et de se dire qu'on va pouvoir finir l'année tranquillement, entre guillemets", avait confié Margot Yerolymos à franceinfo: sport en mai 2021, éliminée au premier tour des qualifications de Roland-Garros en 2019 et 2020.

A titre de comparaison, les joueurs qui disputeront le tournoi Challenger Forli 6, du 30 mai au 5 juin, en même temps que la deuxième semaine de Roland-Garros, auront des sommes comparables aux qualifications du tournoi parisien uniquement s’ils parviennent à rallier la finale (10 770 euros pour le finaliste, 18 290 euros pour le vainqueur)

Un petit matelas de gains pour l'année

Ce niveau de gains se retrouve aussi dans les trois autres tournois du Grand Chelem, à des niveaux à peu près similaires (16 000 euros pour l’Open d’Australie en début d’année, 10 000 euros pour Wimbledon l’année dernière). Ils permettent donc de se constituer un petit pactole sur l’ensemble de la saison. “C’est une bouffée d’air”, approuve Geoffrey Blancaneaux. “Quand on est dans les 140-250 premiers joueurs mondiaux, on est content, parce qu’on sait qu’on a au moins 40 000 euros qui tombent tous les ans, c’est un petit coussin qu’on peut utiliser.”

Cette dépendance aux tournois du Grand Chelem avait été mise en lumière lors de l’US Open 2020. Cette année-là, en pleine pandémie de Covid-19, les qualifications avaient été annulées sur décision de la Fédération américaine (USTA) pour limiter la circulation au sein des infrastructures du tournoi, et donc le risque de contamination et de transmission du virus. Une décision qui avait provoqué la colère des joueurs mal-classés, en partie pour des questions d’argent. 

"Quelle gifle pour tous ceux qui jouent les qualifications, qui n'auront même pas l'occasion de défendre leurs chances et qui dépendent littéralement de l'argent des Grands Chelems pour survivre”, s’était alors désolée l’américaine Sachia Vickery, alors 158e mondiale, sur les réseaux sociaux. Presque deux ans plus tard, l'équation n'a pas changé, malgré une augmentation des dotations. En quatre années, la défaite au 1er tour des qualifications à Paris est ainsi passée de 6 000 euros en 2018 à 14 000 en 2022, celle au 2e tour de 11 000 à 20 000, celle au 3e de 21 000 à 31 000.  

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