Roland-Garros 2022 : qui est Gabriel Debru, vainqueur du tournoi juniors ?
Le Grenoblois de 16 ans a remporté, samedi, le tournoi juniors à la Porte d'Auteuil face au Belge Gilles Arnaud Bailly.
Il regarde tout le monde de haut. Non pas par condescendance envers ses adversaires, mais par sa taille : 1,95m à seulement seize ans ! Gabriel Debru fait partie des plus grands espoirs du tennis français. Samedi 4 juin, le licencié au Tennis club de Grenoble a remporté le tournoi juniors de Roland-Garros, après s'être imposé en deux sets (7-6, 6-3) contre le Belge Gilles Arnaud Bailly.
Le Grenoblois, qui succède à Luca Van Assche, vainqueur en 2021, n'en est pas à son premier exploit. Le 16 mai dernier, il était devenu le plus jeune joueur à remporter un tour de qualification pour un tournoi du Grand Chelem depuis Bernard Tomic à l'Open d'Australie en 2008, en s'imposant face à Arthur Fils porte d'Auteuil. De quoi faire le plein de confiance juste avant sa deuxième participation dans le tableau juniors.
Des premiers points ATP à seulement 15 ans
Son premier fait d'armes chez les grands, un tournoi Challenger à Roanne, le 9 novembre 2021. Pas encore dans le classement ATP, Debru affronte alors le 220e mondial, l'Italien Andrea Pellegrino, au premier tour. A la surprise générale, c'est lui qui sort vainqueur d'un duel en trois sets (4-6, 6-2, 6-3) et s'offre, à seulement quinze ans et dix mois, ses premiers points sur le circuit principal.
Avec ce premier tour passé dans la Loire, il est devenu le quatrième plus jeune joueur du siècle à franchir un tour dans un tournoi Challenger et, à cet instant, le seul joueur de moins de 16 ans à figurer dans le top 1000 mondial. En quelques mois, il a gravi les paliers un à un jusqu'à atteindre le 780e rang mondial avant Roland-Garros. "Je m'entraîne dur chaque semaine pour devenir meilleur et je pense que j'ai déjà progressé", a résumé l'intéressé après sa victoire facile en quarts de finale du tournoi juniors, jeudi face au Slovaque Privara (6-1, 6-2).
"Je ne me repose pas sur mes acquis. J'espère faire de mieux en mieux. Je travaille physiquement et tennistiquement chaque semaine. C'est très dur mais je m'accroche pour pouvoir devenir meilleur chaque jour. Je vais continuer de m'entraîner très dur pour pouvoir atteindre mes rêves."
Gabriel Debruà franceinfo: sport après son quart de finale de Roland-Garros juniors en le 2 juin 2022
La tête de série n°18 du tournoi garçons peut compter sur des atouts dans son jeu. Ses services canons dépassent les 200 km/h, son intelligence de jeu et son aisance marquent, tant sur son revers à deux mains que sur son coup droit bombé. Le droitier fait aussi mal à ses adversaires par sa mobilité en n'hésitant pas à aller terminer le point au filet avec un certain touché. "Il a besoin d'un niveau d'énergie assez élevé sur le court, mais il ne doit pas non plus basculer dans l'excitation", explique l'un de ses entraîneurs au club de Grenoble, Stéphane de Choudens.
Souvent, au cours du match, notamment lors des points capables de faire basculer la rencontre, le joueur à la casquette se retourne vers son clan en serrant le poing. "Il vient chercher aussi de l'énergie à l'extérieur", précise Stéphane de Choudens.
Un grand espoir très observé
Des rêves, l'Isèrois en a plein la tête et veut viser haut. Depuis qu'il a commencé le tennis, à l'âge de cinq ans, le joueur de la génération 2005 (il est né le 21 décembre), n'a eu de cesse de grandir. "A cet âge-là, il y a tout qui doit encore progresser", prévient cependant son coach. Il ajoute : "On a des jeunes qui ont beaucoup de talent, mais il y a d'autres ingrédients qu'il faut avoir. Et je trouve que mentalement, Gabriel est fort, en tout cas il le montre parce qu'il sait prendre ses responsabilités."
Pour Paul-Henri Mathieu, directeur du haut niveau à la Fédération française de tennis, qui a assisté au quart de finale de l'espoir tricolore, le chemin est encore long : "C'est une fierté d'avoir des jeunes talents qui émergent et évidemment c'est toujours bien de voir plusieurs jeunes arriver loin dans les tournois. Mais ce n'est pas une finalité. On sait qu'il peut se passer encore beaucoup de choses jusqu'à l'arrivée sur le circuit professionnel."
Avec ses performances le jeune Grenoblois attise la curiosité. Le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, Sébastien Grosjean, était même des quelques spectateurs présents sur le court 14 pour la démonstration du jeune prospect. "Je vais voir un peu tous les joueurs français, on surveille un peu partout", a esquissé le technicien dans les travées de Roland-Garros.
Debru, le "joueur" et le "généreux"
Gabriel Debru n'est pas encore connu du grand public mais a l'ambition, par ses performances sur les courts, de le devenir. Pour mieux le connaître, son entraîneur Stéphane de Choudens propose de se concentrer sur le comportement de son protégé . "On voit beaucoup de choses sur le court d'une personnalité, de quelqu'un. On sent que c'est un joueur, on sent qu'il aime créer", sourit le technicien du TC Grenoble. Il aime s'adapter à des situations, il aime sentir les moments de jeu."
"On sent qu'il est généreux. Il est généreux dans l'effort et c'est ce qu'il est à l'extérieur aussi."
Stéphane de Choudensà franceinfo: sport après la victoire de Gabriel Debru en quart de finale de Roland-Garros juniors
Sa sérénité est également marquante. Celui qu'on surnomme sobrement "Gaby" ne laisse transparaître aucune émotion négative sur son visage juvénile, que ce soit pendant un match ou lors de ses sollicitations médiatiques. "Les attentes, il y en a, je pense, pour tout le monde, pour chaque professionnel et chacun les gère à sa façon, analyse l'intéressé. Maintenant, j'essaye de donner le meilleur de moi-même sur le terrain, de faire le meilleur résultat possible sur le court. Je veux juste me donner à fond et me satisfaire moi même."
Pour cela, le jeune homme se détache le plus possible de tout ce qui peut se dire autour de lui et peut notamment compter sur sa famille et son grand frère, Mathis, lui aussi joueur de tennis. Gabriel Debru en dit plus : "Je me mets dans une bulle, il faut savoir se protéger parce que si on écoute tout ce qui se dit, on peut vite se perdre. Je suis très concentré sur mes entraînements, mes tournois et je sais que ma famille me permet de me reposer l'esprit après les matchs." Avec ce premier titre chez les juniors en Grand Chelem, rendez-vous est pris pour le longiligne Grenoblois qui a tout pour devenir encore plus grand.
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