: Vidéo Roland-Garros 2023 : "Je suis très touché en tant que Serbe", explique Novak Djokovic après sa prise de position sur le Kosovo
Une entrée en lice réussie, mais pas seulement. Lors de sa victoire au premier tour à Roland-Garros, lundi 29 mai, Novak Djokovic n'a pas fait parler de lui que pour ses performances sur le court. En se dirigeant vers la sortie, le Serbe a écrit le traditionnel mot du vainqueur sur la caméra, mais il n'a opté ni pour une signature, ni pour une petite phrase convenue, préférant s'emparer d'un sujet géopolitique : "Le Kosovo, c'est le cœur de la Serbie ! Stop à la violence".
Ces propos, écrits en cyrillique, interviennent au moment où les tensions de longue date entre les deux pays ont été ravivées. Depuis 2008, plusieurs pays membres de l'ONU, dont la France, reconnaissent son indépendance, mais pas tous ceux de l'Union européenne. Dans le nord du pays, des heurts ont blessé 25 soldats internationaux lundi.
Djokovic a eu l'occasion de s'exprimer à propos de ce message en conférence de presse, quelques heures plus tard. Il a répondu, en serbe, à des questions portant sur ce sujet. Faute de traducteur disponible, l'organisation du tournoi n'a pas pu en assurer directement la traduction. "Je pense que j'ai dit tout ce que j'ai à dire sur ce sujet. Je ne suis pas un politique et je n'ai pas envie d'entrer dans des débats politiques", s'est d'abord défendu le joueur sacré deux fois porte d'Auteuil (2016, 2021). Puis, il a tout de même détaillé sa position.
Roland-Garros n'a pas (encore) pris position
"C'est un sujet très sensible. Je suis très touché en tant que Serbe par ce qu'il se passe au Kosovo et par la façon dont notre peuple a été pratiquement forcé de quitter nos municipalités (...). Je suis le fils d'un homme né au Kosovo, je sens une responsabilité additionnelle à donner mon soutien à notre peuple et à toute la Serbie", s'est-il expliqué. Son père Srdjan est en effet né à Mitrovicë, anciennement Titova Mitrovica, une ville située dans le nord du Kosovo qui a été touchée par la guerre en 1999 et qui est aujourd'hui très divisée concernant l'indépendance du pays.
"Le Kosovo est notre lieu de naissance, le coeur de tous les moments historiques de notre pays. La plus grande bataille a eu lieu ici, les monastères et les églises les plus importants sont ici", a appuyé Novak Djokovic. Ce dernier a également mentionné la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait ordonné le déploiement de la Force pour le Kosovo (KFor) le 10 juin 1999. Ses conséquences sont toujours pointées du doigt par une majorité de la population serbe, dénonçant des expulsions de plusieurs milliers de civils.
"Si on me donne une amende ou quelque chose du même genre, je n'aurais aucun regret et je le referais parce que ma position là-dessus est très claire. Je suis contre la guerre, contre la violence, contre toute sorte de conflit et je l'ai toujours exprimé publiquement", a ajouté le Serbe. Invitée dans la soirée dans l'émission Twitch de France Télévisions "Court du soir", la directrice du tournoi, Amélie Mauresmo, n'a pas tranché : "Le but, vu le contexte actuel en Ukraine, était de demander la neutralité aux joueurs. Là, on attend de voir ne serait-ce qu'une traduction exacte, car on a plusieurs versions qui nous remontent. On va voir. Et lui parler pour savoir ce qu'il a vraiment voulu dire. Pas de précipitation. On va poser les choses".
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