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Roland-Garros 2023 : pourquoi la paire Kato-Sutjiadi a été disqualifiée après avoir involontairement envoyé une balle au visage d'une ramasseuse

La Japonaise et l'Indonésienne ont été déclarées perdantes par les officiels alors qu'elles menaient 3-1 dans la seconde manche après avoir perdu la première (7-6), dimanche, dans le tournoi de double féminin.
Article rédigé par Quentin Ramelet, franceinfo: sport - A Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La Japonaise Miyu Kato a malencontreusement renvoyé une balle dans le visage d'une ramasseuse, le 4 juin 2023. Pour ce geste, sa paire avec Aldila Sutjiadi a été disqualifiée en huitièmes de finale du double féminin. L'une des polémiques de la quinzaine. (CAPTURE ECRAN / Franceinfo: sport)

Une nouvelle polémique porte d'Auteuil ? Après la sortie médiatique de l'Ukrainienne Marta Kostyuk contre les joueuses russes et biélorussses, et le message politique de Novak Djokovic, les organisateurs de Roland-Garros se seraient bien passés d'une troisième affaire qui fait déjà réagir dans les travées du Grand Chelem parisien. Dimanche 4 juin, la Japonaise Miyu Kato et l'Indonésienne Aldila Sutjiadi, têtes de série numéro 16 du tableau du double féminin, ont été disqualifiées du tournoi après avoir envoyé malencontreusement une balle dans la tête d'une jeune ramasseuse.

Dans un premier temps, l'arbitre de chaise a prononcé un simple avertissement contre la paire indonéso-nippone. Mais, après des protestations de Marie Bouzkova et Sara Sorribes Tormo, leurs adversaires qui ont signalé à l'arbitre de la rencontre que la ramasseuse de balle pleurait, le juge arbitre du tournoi, Rémy Azémar, a été appelé sur le court, et a finalement prononcé leur disqualification.  

"Je n'ai pas vu ce qui s'est passé, mais j'ai vu que la fille pleurait toujours un quart d'heure après", a commenté Marie Bouzkova en conférence de presse à l'issue du match. "Il n'y a d'abord eu qu'un avertissement parce que l'arbitre n'avait pas vu que la fille pleurait et qu'elle avait si mal. Nous avons dit au superviseur qu'il devait s'intéresser de plus près à ce qui était arrivé parce que la fille pleurait et que la balle l'avait frappée directement. Ce n'est pas comme si la balle avait rebondi ou si elle avait été lente".

Double (D) : la paire Kato/Sutjiadi disqualifiée après un jet de balle dans la tête d'une ramasseuse

La scène a fait réagir Gilles Simon, ancien 6e mondial, notamment par rapport à l'attitude des deux adversaires. 

Cette décision rappelle celle prise à l'encontre de Novak Djokovic à l'US Open 2020 qui avait frappé en arrière, sans regarder, une balle qui avait atteint directement une juge de ligne. Après concertations avec toutes les parties prenantes, le juge arbitre a prononcé la disqualification de Miyu Kato, auteure du coup de raquette malheureux, et de sa partenaire. Alors que les images montrent qu'il n'y avait aucune intentionnalité dans le geste de la Japonaise, qu'est-ce qui explique une décision aussi radicale de la part des organisateurs du tournoi ?

Un règlement respecté scrupuleusement

Le juge arbitre du tournoi, Rémy Azémar, et l'arbitre du match, ont ainsi pris cette décision en appliquant, selon les explications de la Fédération française de tennis contactée par franceinfo: sport, le règlement officiel des tournois du Grand Chelem : le "Grand Slam Rulebook" [document en anglais].

Toujours d'après la FFT, l'article III (alinéas N et R) de la section "Code de conduite", justifie la sanction. Dans l'alinéa N, intitulé "Usage abusif des balles", on peut en effet lire que "l'usage abusif des balles est aussi défini par le fait de frapper intentionnellement une balle hors de l'enceinte du terrain, frapper une balle dangereusement ou imprudemment à l'intérieur du court, ou frapper une balle sans tenir compte des conséquences." Si le caractère intentionnel n'est pas du tout évident durant cette séquence, le juge arbitre a pu considérer, in fine, le caractère dangereux, imprudent et non maîtrisé de la frappe de balle de Miyu Kato.

Ensuite, l'alinéa R, intitulé "Conduite antisportive", explique qu'un joueur peut être disqualifié pour un geste ou une action effectués dans "des circonstances flagrantes et particulièrement préjudiciables au succès du tournoi", précisant par ailleurs "qu'une conduite antisportive est définie par toute inconduite (...) clairement abusive ou préjudiciable au sport." 

Un traitement différent d'un match à l'autre ?

Si l'interprétation de la séquence est propre à toutes et tous, les officiels de la FFT ont tranché et donc vraisemblablement considéré que le geste de Miyu Kato pouvait être qualifié en "conduite antisportive".

Pourtant, samedi, la prodige russe de 16 ans, Miraa Andreeva, qui affrontait Coco Gauff pour une place en quart de finale, n'a reçu qu'un avertissement pour avoir envoyé une balle, sous la colère et la frustration, en direction des tribunes, touchant au passage un spectateur. Elle avait reconnu, après le match, que "c'était vraiment stupide de (sa) part, ce n'était pas nécessaire de faire ça." Egalement sollicitée sur le sujet par nos soins, la FFT n'a pas donné d'explication quant à cette décision. 

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