Roland-Garros 2024 : la Française Ksénia Chasteau remporte la première édition juniors de tennis fauteuil et prend date pour l'avenir
"Elle aurait dû jouer le tableau dames". Référence du tennis fauteuil avec 24 titres du Grand Chelem et quatre médailles paralympiques, Stéphane Houdet est admiratif de Ksénia Chasteau. Contre l'Américaine Maylee Phelps, qu'elle avait surclassée en finale de l'US Open 2023 (6-3, 6-1), la jeune Marseillaise (18 ans) a définitivement prouvé qu'elle n'avait plus rien à faire chez les jeunes en s'imposant (6-2, 6-3) en finale du premier tournoi juniors de Roland-Garros en tennis fauteuil, vendredi 7 juin, sur un court n°12 aux tribunes presque pleines.
Ouvertement ambitieuse, Ksénia Chasteau a confirmé son statut en ne laissant que des miettes à son adversaire en finale. "C'est très fort, ça va vite et ça ira de plus en plus vite, résume Stéphane Houdet. Elle est déjà très rapide avec le fauteuil, elle a déjà un bon revers, remarque le triple champion paralympique, alors que Ksénia Chasteau n'a que trois ans d'expérience en tennis fauteuil. Tout ce qui est modification entre le tennis debout et assis, ce ne sont que des adaptations."
Même tendue par l'enjeu, au service notamment (12 doubles fautes), la Française a fait étalage de ses qualités en finale, débordant Maylee Phelps dès que l'échange s'engageait. Elle a aussi montré quelques beaux revers inversés, coup spécifique au tennis fauteuil qu'elle a rapidement assimilé, alors qu'elle jouait avec un revers à deux mains avant son accident.
"Des étoiles dans les yeux" en découvrant le tennis fauteuil
Déjà n°23 mondiale et deuxième Française derrière Pauline Déroulède, la Marseillaise est la plus jeune membre du top 30 et a fait des Jeux paralympiques de Paris son prochain objectif. "Je l'ai découverte quand on préparait les Jeux de Tokyo, raconte Stéphane Houdet. Elle est venue nous voir sur un stage à Nice, elle venait juste d'être accidentée et elle avait déjà des étoiles dans les yeux. Elle a tout de suite eu l'idée et le parcours de résilience de se dire : 'Je jouais debout mais maintenant je vais jouer assise et ça va être génial'."
Preuve de sa progression éclair, la jeune Française a rapidement gommé ses défauts, comme ses montées au filet trop fréquentes, pour gagner près de 60 places au classement ITF depuis la fin de l'année 2022. "Moi, j'avais du mal parce que je réfléchissais comme un joueur debout, se souvient Stéphane Houdet. Elle arrive très rapidement à se déplacer, mais aussi à concevoir le court et les trajectoires comme il faut quand on est assis."
Cette année, Ksénia Chasteau a déjà battu la Britannique Lucy Shuker et la Japonaise Manami Tanaka, qui figurent dans le top 15 mondial et dans le tableau dames de Roland-Garros. Stéphane Houdet lui voit un avenir en adéquation avec ses ambitions assumées : "Elle a une approche de compétitrice hyper forte. L'objectif d'être la future numéro 1, ça tient la route et c'est celui qu'elle doit se fixer." Les larmes qu'elle a essuyé à l'issue de la balle de match étaient là pour rappeler que, malgré tout, elle n'a que 18 ans.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.