Roland-Garros : "J'ai mon rôle à jouer dans cette guerre", déclare l'Ukrainienne Elina Svitolina, qui n'a pas serré la main de son adversaire russe
Une fois sa victoire acquise après deux heures et 17 minutes de combat sur le court Simonne-Mathieu, Elina Svitolina a lancé un regard attendri vers son clan et son époux Gaël Monfils. Avant d'ignorer son adversaire au troisième tour de Roland-Garros, la Russe Anna Blinkova (2-6, 6-2, 7-5), vendredi 2 juin. Cette dernière s'y attendait très certainement car depuis le début de la guerre en Ukraine enclenchée par le régime de Vladimir Poutine le 28 février 2022, Svitolina ne s'est pas ménagée pour critiquer cette agression.
Après sa qualification pour les huitièmes de finale, l'Ukrainienne n'a pas rechigné, une nouvelle fois, à évoquer le conflit. Et pourquoi elle a décidé de ne pas serrer la main de Blinkova à l'issue du match, comme le 27 mai dernier en finale du tournoi de Strasbourg qu'elle a remporté contre la Russe. "Cela a commencé avec le gouvernement ukrainien, qui est allé dans des réunions avec le gouvernement russe, et ils ne voulaient pas leur serrer la main parce qu'ils ne partagent pas les mêmes valeurs", a commencé par expliquer Svitolina en conférence de presse.
Avant de poursuivre : "Je suis Ukrainienne, je soutiens mon pays, je fais tout mon possible pour soutenir et donner un bon état d'esprit aux hommes et aux femmes qui sont sur les lignes de front, qui se battent pour notre terre dans notre pays. Est-ce que vous pouvez imaginer un homme ou une femme qui est sur la ligne de front en ce moment qui me regarde, et qui me verrait faire comme si de rien n'était ? Je représente mon pays, je peux faire entendre ma voix et je suis aux côtés de l'Ukraine. J'ai mon rôle à jouer dans cette guerre".
Svitolina remercie la Russe Kasatkina, sa future adversaire
Elina Svitolina ne s'arrête pas aux symboles. Selon elle, son parcours à Roland-Garros "apporte de la joie au peuple d'Ukraine, aux enfants surtout, aux enfants qui aimaient jouer au tennis avant la guerre". "Maintenant, ils n'ont plus l'opportunité de jouer. Ces petits moments peuvent être une source de motivation, de regarder plutôt le côté positif de la vie, et de prendre du plaisir autant que possible dans cette situation qui est horrible", expliquait l'Ukrainienne après sa victoire au premier tour contre Martina Trevisan.
Après avoir remporté le tournoi de Strasbourg, Svitolina a annoncé qu'elle reverserait son prize-money aux enfants ukrainiens. Aux côtés de Lesia Tsurenko, autre Ukrainienne encore en lice à Roland-Garros, elle s'est également démenée pour organiser des levées de fond qui serviront à reconstruire les écoles détruites en Ukraine. Un engagement qui lui a permis de tenir, après avoir un temps mis ses raquettes au placard il y a un an.
Depuis, Svitolina et Monfils ont donné naissance à Skaï, présente à Paris à leurs côtés et dont ils s'occupent en parallèle de leur carrière de sportif. L'Ukrainienne a réussi son retour sur les terrains et espère inspirer d'autres joueuses. En huitième de finale, elle affrontera une autre Russe, Daria Kasatkina, qui s'est positionnée à plusieurs reprises contre la guerre en Ukraine, la décrivant, publiquement, comme "un cauchemar", assurant comprendre le refus des joueurs ukrainiens de saluer leurs homologues russes.
Alors que Svitolina lutte contre "les soutiens en l'air qui ne veulent rien dire" et souhaiterait que les Russes s'engagent ouvertement contre Poutine et son agression, elle a loué le discours de sa future adversaire. "Je remercie Dacha d'avoir pris position. C'est ce que j'attends des autres joueurs et c'est très courageux de sa part", s'est réjoui Svitolina. ""J'ai une grande admiration pour Daria... Elle est une héroïne à sa manière", avait déclaré l'ancien joueur de tennis ukrainien Sergiy Stakhovsky en juillet 2022.
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