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Le PDG de Lactalis sort de son silence : ce qu'il faut retenir de son interview au "JDD"

Silencieux depuis le début de l'affaire des lots de poudre de lait pour bébé contaminés par des salmonelles, Emmanuel Besnier se défend de tout manquement et promet d'indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice." 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Besnier lors d'une visite en Croatie, en avril 2007. (SKLEDAR/CROPIX/SIPA)

Sortant de son silence, le PDG de Lactalis promet d'indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice" après la contamination à la salmonelle de produits du géant français du lait. Dans un long entretien au JDD publié dimanche 14 janvier, Emmanuel Besnier, qui ne s'était jusqu'ici pas exprimé au sujet de l'affaire qui ébranle son entreprise, assure avoir eu avant tout à l'esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs, "des bébés de moins de six mois". Et le patron de Lactalis d'ajouter : "C'est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude." Voici ce qu'il faut savoir de ses déclarations.

Sur le nombre de lots concernés par les rappels

Après la rencontre vendredi à Bercy entre Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et Emmanuel Besnier, le groupe Lactalis avait ordonné la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne), élargissant encore les rappels successifs lancés depuis début décembre. Le patron du groupe affirme avoir lui-même proposé au gouvernement cette mesure qui s'étend à 83 pays.

Il faut mesurer l'ampleur de cette opération : plus de 12 millions de boîtes sont concernées.

Emmanuel Besnier

dans le "JDD"

Pour le PDG de Lactalis, cette mesure permettra aux distributeurs de ne pas avoir à trier. "Ils savent qu'il faut tout retirer des rayons", fait-il valoir.

Trente-cinq enfants atteints de salmonellose ont été diagnostiqués en France après avoir consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine Lactalis incriminée, selon les derniers chiffres officiels au 9 janvier. Un cas de salmonellose avéré a en outre été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé de ce lait infantile contaminé et un autre cas reste à confirmer en Grèce.

Sur son silence depuis le début de la crise

Emmanuel Besnier, dont la discrétion est légendaire, n'était pas venu s'exprimer face aux journalistes lors de sa visite à Bercy, entrant même par une porte dérobée. Face aux critiques sur son silence depuis le début de l'affaire, le patron de Lactalis concède ne pas être "d'une nature expansive" et affirme que "dans une crise comme celle-là, on cherche d'abord à agir".

Sur l'enquête en cours

Interrogé sur les "centaines" de plaintes déposées par des parents de nourrissons dans toute la France, et alors qu'une enquête préliminaire a été ouverte fin décembre par le pôle santé publique du parquet de Paris, notamment pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui", Emmanuel Besnier assure qu'il ne cachera rien. 

Il y a des plaintes, il y aura une enquête, nous collaborerons avec la justice en donnant tous les éléments qu'on nous demandera.

Emmanuel Besnier

dans le "JDD"

"Nous n'avons jamais pensé agir autrement", promet le PDG de Lactalis. "Tout le monde est mobilisé pour comprendre ce qui s’est passé, ajoute-t-il. C'est mon obsession."

Sur l'origine de la contamination

La contamination à la salmonelle dans l'usine de Craon avait été révélée début décembre au public. Selon le PDG, les résultats des analyses situent le problème "probablement" au cours du premier semestre 2017. Or, au premier trimestre, "nous avons fait des travaux dans cette usine. À cette occasion, la bactérie peut avoir été réintroduite à l'intérieur des installations", suggère-t-il.

Sur les responsabilités des distributeurs

Les distributeurs, dont certains ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés après l'annonce de leur retrait, avaient déjà été convoqués à Bercy jeudi soir. Le patron des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a évoqué jeudi une "défaillance" des services de l'Etat. "Aujourd'hui, nous nous concentrons sur nos responsabilités et pas sur celles des autres", répond le patron de Lactalis, qui n'a pas voulu désigner de responsables.

Notre métier, c'est de mettre des produits sains sur le marché. Si cela n'a pas été le cas, c'est notre responsabilité.

Emmanuel Besnier

dans le "JDD"

Selon lui, "il n'y a pas eu de manquements de notre part sur les procédures". Le président de Lactalis déclare aussi qu'"à aucun moment il n'y a eu une intention de cacher les choses", même s'il reconnaît "qu'il manquait cinq lots dans le premier fichier" transmis aux autorités, mais "cela a été corrigé dès le lendemain." 

C'est le rappel des lots de lait infantile en trois étapes en décembre qui a semé la zizanie. Faute d'accord avec Lactalis, Bruno Le Maire a expliqué avoir dû signer lui-même le 9 décembre un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de quelque 600 lots, soit 11 000 tonnes.

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