Pêche : les politiques d'approvisionnement en thon des supermarchés européens ne respectent pas assez l'environnement, alerte une ONG
Les politiques d'approvisionnement en thon des enseignes de grande distribution en France ne respectent pas assez l'environnement, alerte mercredi 8 novembre sur France Inter Bloom. L'ONG de défense des océans a octroyé des notes à 36 chaînes de supermarchés européens en fonction de leurs mesures pour limiter les impacts environnementaux de la vente de thon en boîte, afin d'établir un classement. Ce classement repose sur deux critères majeurs : la coopération des enseignes avec la société civile (en particulier avec les associations pour l'élaboration de cette enquête) et leurs politiques d'approvisionnement.
Le thon est le "produit de la mer préféré des Européens", rappelle Bloom. Selon FranceAgriMer, sa consommation annuelle par habitant est de 3,9 kg en France. Dans son rapport publié mercredi, Bloom souligne que la note moyenne des politiques d'achat s'établit à 3,7/10. La note moyenne obtenue en termes de coopérations est, elle, de 2,2/10. Pour ces deux critères, l'enseignement qui s'en sort le mieux est le Britannique Marks & Spencer. Le podium qui se base sur la coopération est ensuite complété par les Français Les Mousquetaires (5,5/10) et Système U (5,3/10). "Système U a des pratiques exemplaires en matière de marques distributeurs, avec 92% de bonites à ventre rayé, une espèce de thon plus résistante qui n'est pas surexploitée, capturées à l'aide d'engins de pêche à faible impact", salue Bloom.
Leclerc et Carrefour épinglés
À l'inverse, E. Leclerc est accusé de faire partie des mauvais élèves en étant avant-dernier du classement avec un score de 0,6/10. Carrefour pointe à la 7e place du classement. Bloom dénonce des "exigences très faibles envers ses produits de marque, ce qui permet à du thon pêché de manière destructive et surexploitée d'arriver dans ses rayons". L'ONG annonce donc à France Inter une mise en demeure du groupe Carrefour pour qu'il donne l'exemple. Elle exhorte le distributeur à mettre à jour son plan de vigilance pour respecter ses engagements environnementaux dans un délai de trois mois, sous réserve de poursuite en justice. "On leur demande au groupe d'arrêter immédiatement de se fournir en thon pêché avec des méthodes destructrices, qu'il revoit son approvisionnement", explique Pauline Bricault, chargée de campagne Marchés à l'ONG.
Pauline Bricault, chargée de campagne Marchés au sein de Bloom, pointe du doigt le manque d'exigence des supermarchés. "Les distributeurs vont demander un certain nombre de choses à leurs fournisseurs et ces demandes-là ne sont pas forcément vérifiées", regrette-t-elle. Elle juge donc "problématique" la "traçabilité" des demandes. Les grandes enseignes "utilisent aussi des labels pour garantir que leurs produits sont durables, alors qu'ils ont déjà été remis en question", s'insurge Pauline Bricault.
Seules les marques distributeurs sont soumises à un cahier des charges environnemental
L'ONG engagée dans la protection des écosystèmes marins estime que la majorité des thons vendus en grande surface ne sont pas de marque distributeur. Pourtant, c'est la seule marque concernée par le cahier des charges environnemental dans près de trois enseignes sur quatre. Bloom dénonce donc une omniprésence du thon surpêché ou pêché avec des méthodes destructrices dans les rayons, notamment en France. "Le pire élève sera Leclerc, qui nous a communiqué aucune donnée, donc on ne sait absolument rien de la manière dont ils choisissent le thon qu'ils mettent en rayon", s'agace Pauline Bricault.
Face à ce constat, l'ONG appelle les distributeurs européens à réviser leur politique d'approvisionnement pour que les mêmes critères environnementaux soient appliqués à leurs propres produits et aux produits qu'ils achètent. Elle plaide également pour qu'ils publient chaque année leur politique d'approvisionnement durable en thon. Interrogés sur lle sujet, les groupes Leclerc et Carrefour n'ont pas répondu aux sollicitations de France Inter.
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