Reportage "McDo, c'est un petit péché mignon" : la France, futur temple de la "malbouffe" à l'image des États-Unis ?

Les produits gras et sucrés ont des conséquences sur la santé mais ils sont désormais rentrés dans les habitudes de consommation des Français, 46 ans après l'arrivée du premier "fastfood" en France.
Article rédigé par franceinfo
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Un assortiment de donuts, sorte de beignets en forme d'anneau, généralement glacés voire fourrés (photo d'illustration). (EVA HAMBACH / AFP)

Ajer sort d'une célèbre boutique américaine. Dans ses mains, une boîte de six gros donuts. "J'ai pris des "speculoos" et un rose parce que ça rappelle celui des Simpsons et son côté dégoulinant", décrit-elle avec gourmandise. Un cadeau pour ses deux ados et pour elle. La Parisienne est une habituée de la boutique. "La première fois que j'en ai goûté, sincèrement, ça a été une 'révélation'. Le petit côté américain, je n'aime pas du tout habituellement mais là, j'ai été vraiment subjuguée", confie la mère de famille.

McDonald's a été le premier mastodonte américain à s'installer en France. C'était en 1978. KFC a suivi en 1991, puis Burger King en 2012. Tous les deux ans, des enseignes de restauration rapide américaines s'installent et fidélisent leur clientèle française, à l'image de Five Guys, Popeye’s ou encore Subway, qui s'apprête à doubler de volume. Aujourd'hui, presqu'un an après le dernier arrivé, l'enseigne américaine de donuts Krispy Kreme, la "malbouffe" séduit toujours autant les Français. 

Si les fast-food sont très occasionnels chez Ajer, ce n'est pas le cas pour Noah et Izée. Ils sont presque majeurs et y vont une fois par semaine parce que c'est simple et moins cher. "McDo, c'est un petit péché mignon parce que c'est rapide, un peu comme une habitude, une mauvaise habitude", concède Noah. "C'est aussi moins cher, fait valoir Izée, et c'est un peu l'effet de groupe. Très souvent, si quelqu'un propose d'aller au McDo, tout le monde va au McDo". Ils y vont même parfois en famille.

Taxer les produits sucrés, une solution "efficace"

Beaucoup de jeunes ont cette habitude, constate Majda. Infirmière, elle en voit les conséquences au quotidien. "On remarque des personnes jeunes de plus en plus obèses, qui viennent aussi me voir parfois pour des problèmes de diabète", regrette-t-elle. Un constat que dresse également le professeur Boris Hansel, endocrinologue et professeur de nutrition à l'Université Paris Cité. Selon lui, la situation va empirer. "On sait que la France suit ce qui se passe dans d'autres pays du monde qui sont plus touchés que nous par la malbouffe et l'obésité. Tant qu'on n'en fera pas quelque chose, l'évolution tendra toujours vers ce qu'il y a de plus appétent, en plus grande quantité et le plus facile à manger", déplore-t-il.

Il existe pourtant des solutions pour limiter l'impact de cette alimentation sur la population, comme, par exemple, les chèques alimentaires, ou l'élargissement de la taxe soda. "La taxation des produits sucrés et des produits qui sont de moins bonne qualité nutritionnelle en général, c'est quelque chose qui est efficace", défend l'endocrinologue. Tout comme favoriser la consommation de fruits et légumes, l'utilisation de labels comme le Nutri-score ou la régulation de la publicité. Ces quatre mesures ont fait l'objet d'études scientifiques, selon Boris Hansel. Il estime que l'État n'en fait pas encore assez pour inciter le consommateur à manger plus équilibré.

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