: Vidéo Pierre Castel, roi du vin de table... et de l'optimisation fiscale ?
Comment Pierre Castel est-il devenu la huitième fortune de France ? En bâtissant un empire mondial autour de ses activités dans le vin en Europe (marques Baron de Lestac, Roche Mazet, La Villageoise...) et, ce qui est moins connu, dans la bière en Afrique... mais peut-être aussi grâce à certaines stratégies d'évitement de l'impôt. Extrait de "Complément d'enquête".
"Complément d'enquête" propose le 28 février 2019 un portrait du numéro un du vin en France et en Europe : le très discret Pierre Castel, huitième fortune française. Celui qui se présente volontiers comme un homme du terroir est aujourd'hui à la tête d'un groupe qui pèse 12 milliards d'euros... et n'aime pas devoir rendre des comptes. Non coté en Bourse, il n'est pas tenu de publier ses bilans comptables.
Il en fallait plus pour décourager Olivier Blamangin, un ancien syndicaliste spécialiste de l'Afrique, où le groupe est numéro deux de la bière. Pendant plus d'un an, il a collecté et épluché toutes les données publiques de l'entreprise et de ses filiales. Il a obtenu un schéma complexe, avec toutes les ramifications connues en 2016, qu'il commente dans cet extrait.
Une nébuleuse mondiale de 240 filiales
Le groupe est présent dans une cinquantaine de pays, via environ 240 filiales à travers le monde, expose Olivier Blamangin. "En cinquante ans, on est passé d'une petite entreprise familiale à un empire mondial." Les cases roses du graphique représentent son activité "vin", les jaunes son activité "bière" (on trouve la Castel Beer dans 23 pays), le reste étant constitué de sociétés d'investissement dans l'immobilier ou les matières premières. Le bénéfice net après impôts du groupe est estimé entre 700 millions et 1 milliard d'euros annuel. "Un marché extrêmement juteux, sans doute le plus juteux des marchés au monde."
Entre 2010 et 2017, un demi-milliard d'euros évadé ?
Selon Olivier Blamangin, une partie de ces gigantesques bénéfices transiterait par des holdings domiciliés dans des paradis fiscaux, au Luxembourg ou à Malte. Ces holdings convergent vers la société mère du groupe, Cassiopée Limited, elle-même domiciliée à Gibraltar... et détenue par un fonds d'investissement situé à Singapour. Au bout d'un long voyage, l'argent atterrit donc sur une île qui ne prélève pas d'impôt sur les bénéfices étrangers...
Avec un tel montage "en poupées russes", avec des holdings et des maisons mères dans des paradis fiscaux, explique Olivier Blamangin, "on est très clairement dans une stratégie d'évitement de l'impôt". Une pratique d'optimisation fiscale légale... et très efficace. De 2010 à 2017, on aurait ainsi perdu la trace d'un peu plus d'un demi-milliard d'euros, toujours selon Olivier Blamangin. Sollicité par "Complément d'enquête", le groupe n'a pas répondu à ses demandes d'explications.
Extrait de "Le Baron du rouge", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 28 février 2019.
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