: Vidéo Vittel et Contrex, sources de profit pour Nestlé... jusqu'à épuisement de la nappe phréatique ?
Le 13 mai 2020, "Pièces à conviction" plonge au cœur d'une France riche en patrimoines naturels : eau, matières premières, forêts – un bien commun qui devrait profiter à tous. Mais dans les Vosges, avec 1,5 milliard de bouteilles vendues en France et à l’étranger en 2019, c’est surtout le géant Nestlé Waters qui tire profit des eaux de Vittel et Contrex. Aux dépens de la nappe phréatique, menacée à l'horizon 2050...
Leurs nappes phréatiques menacées ? Les habitants de communes aussi réputées pour leur eau minérale que Contrexéville et Vittel ont encore du mal à y croire. Cet extrait de "Pièces à conviction" explique comment la multinationale Nestlé Waters pompe l'eau des sous-sols vosgiens pour son profit, au détriment de la population locale.
En 1990, la firme suisse a racheté la Société des eaux de Vittel, qui commercialisait sous forme d'eau minérale les eaux de la région depuis 1875. Sous les marques Vittel, Hépar et Contrex, Nestlé Waters embouteille aujourd'hui l'eau de deux nappes phréatiques. Pour sa marque Vittel Bonne Source, notamment vendue en Allemagne, l'industriel puise aussi dans une nappe plus profonde.
Une nappe phréatique profonde menacée d'assèchement
L'exploitation de Nestlé Waters représente un tiers des pompages dans cette nappe. Le reste est puisé par les particuliers, les agriculteurs et certaines entreprises, dont une fromagerie industrielle. Le problème, c'est que les prélèvements d'eau annuels sont supérieurs à la capacité de recharge de la nappe. A ce rythme, elle pourrait descendre à un niveau critique à l'horizon 2050.
Contactée, la firme Nestlé Waters tarde à s'exprimer sur ce sujet. Du côté des habitants, le problème a longtemps été ignoré. Arlette Jaworski, adjointe au conseil municipal de Contrexéville, a pris conscience de la situation il y a à peine trois ans, grâce à Vosges Nature Environnement. Pour Jean-François Fleck, président de cette association, "tout le problème de la nappe profonde, c'est qu'on a autorisé Nestlé à des hauteurs de prélèvement incompatibles avec la recharge de la nappe".
La mainmise de Nestlé en contradiction avec la loi sur l'eau de 1992
Jean-François Fleck dénonce la mainmise abusive de l'industriel sur cette richesse naturelle, en contradiction avec la loi sur l'eau de 1992. "L'eau ne peut pas appartenir à Nestlé, ni à personne. L'eau, c'est une ressource, un bien commun, qui doit faire l'objet, de par la loi, d'une répartition des usages, et de priorités. La loi sur l'eau nous dit : priorité d'usage à l'alimentation en eau potable." Priorité à l'eau potable, donc aux habitants.
Pour empêcher l'épuisement de la nappe phréatique, il demande que l'Etat encadre rigoureusement les prélèvements des industriels : "Chaque prélèvement doit faire l'objet d'une autorisation, d'une étude d'impact sur la nappe, [pour voir] si c'est compatible avec l'équilibre de cette nappe."
Extrait de "Main basse sur nos ressources naturelles : citoyens contre multinationales", un document à voir dans "Pièces à conviction" le 13 mai 2020.
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