"C'est une honte" : un syndicat de médecins compte porter plainte après des révélations sur la façon dont sont traités les corps légués à la science
Une enquête du magazine "L'Express" révèle que des corps donnés à la science ont été malmenés et stockés dans des conditions déplorables.
L'Union française pour une médecine libre (UFML) compte porter plainte après la révélation de dysfonctionnements au sein du centre du don des corps de Paris, a appris franceinfo mardi 26 novembre auprès du président de ce syndicat. Un article de L'Express révèle que jusqu'en 2018, le centre du don des corps de l'université Paris-Descartes a accueilli des milliers de dépouilles dans des conditions indignes, avec notamment des corps qui pourrissent faute de chambres froides fonctionnelles, en partie mangés par les rongeurs ou alors utilisés par des entreprises privés.
Des corps qui devaient être utilisés pour la science
"Ça m'a glacé d'effroi parce que c'est à l'opposé de ce qu'on doit être quand on est médecin", a réagi sur franceinfo Jérôme Marty, président de l'UFML. C'est au centre des corps que sont reçus les corps donnés à la science. Ils sont censés être utilisés pour l'éducation des futurs médecins ou la recherche médicale.
Jérôme Marty relève deux catégories distinctes de dysfonctionnements : "l'atteinte à la dignité et l'intégrité de la personne", qu'il juge être "une honte", et "le fait qu'on fasse commerce de ces corps". Il envisage de porter plainte pour que les responsables soient identifiés. "Les gens qui n'ont rien dit, qui ont laissé faire, sont à mon sens totalement coupables et cette affaire déconsidère profondément cette profession, je crains que cela déconsidère la profession et l'anatomie française".
De son vivant, la personne a dit : je lègue mon corps à la science. Et son corps n'a pas été utilisé, soit parce qu'il a été mangé par des rats ou des souris ou qu'il a pourri avant qu'on l'utilise, soit parce qu'il a été dirigé vers d'autres missions comme celle de crash-tests !
Jérôme Martyà franceinfo
Selon Brigitte Mauroy, ancienne directrice du centre du don des corps entre 2013 et 2016, il y avait des dysfonctionnements à cause du matériel. "J'ai constaté une vétusté des locaux, des chambres froides qui n'en étaient pas, une absence de traçabilité possible des corps parce que les moyens mis à disposition ne le permettaient pas", dit-elle à franceinfo.
Brigitte Mauroy affirme avoir tenté de proposer des solutions au président de l'université avant de démissionner. "Il ne faudrait pas que le grand public s'imagine que, partout en France, les donations de corps ne sont pas considérées avec les valeurs éthiques et morales qui sont nécessaires."
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