Androcur : une nouvelle plainte déposée contre X pour mise en danger de la vie d'autrui et tromperie aggravée

Les victimes accusent le laboratoire Bayer qui commercialise l'Androcur de retard dans la mise en place de mesures d’information et de prévention.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'usine Bayer de Wuppertal (Allemagne). (INA FASSBENDER / AFP)

L'association Amaeva, qui représente des victimes de l’Androcur et d’autres traitements hormonaux, a porté plainte mardi contre X pour mise en danger de la vie d’autrui et tromperie aggravée devant le tribunal judiciaire de Paris, a appris la cellule investigation de Radio France, jeudi 7 novembre, confirmant une information du journal Le Monde. Selon la plainte que la cellule investigation de Radio France s'est procurée, les victimes accusent le laboratoire Bayer qui commercialise l'Androcur de retard dans la mise en place de mesures d’information et de prévention, alors que la dangerosité de l'Androcur et les risques de méningiomes sont connus depuis plusieurs années.

L’Androcur est un médicament dérivé de la progestérone, qui peut provoquer des méningiomes (tumeurs au cerveau) chez certains patients, des tumeurs non-cancéreuses, mais qui peuvent provoquer des paralysies, des troubles de la vue ou de la parole. Il a été massivement commercialisé depuis les années 80 pour traiter une pilosité excessive, l’endométriose et l’acné, ou encore comme moyen de contraception.

"La responsabilité des laboratoires et des autorités publiques est engagée"

2 578 femmes ont été opérées d’un méningiome à cause de la prise d’un médicament progestatif entre 2009 et 2018, selon les données officielles des études de pharmaco-épidémiologie pilotées par EPI-PHARE, structure créée fin 2018 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l’Assurance maladie.

"Dès 2004, le neurochirurgien Sébastien Froelich a alerté sur cinq cas de méningiomes", affirme à la cellule investigation de Radio France maître Charles Joseph-Oudin, qui représente des victimes, "c'est à partir de cette date-là, que la responsabilité des laboratoires et des autorités publiques est engagée. Le laboratoire aurait dû informer sur les risques d'effets indésirables et les autorités de santé auraient dû informer également".

"Évaluer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient"

Mais il faudra attendre 2018 pour qu'une étude de la CNAM et de l’ANSM établisse "une augmentation du risque de méningiome avec la durée d'utilisation". En 2019, l'ANSM a recommandé aux médecins "d'informer les patients du risque de méningiome", d'"évaluer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient, en tenant compte du risque de méningiome", ou encore de ne le prescrire que "dans le respect des indications de l'autorisation de mise sur le marché et aux doses les plus faibles possibles, et sur une courte durée". "Pendant 15 ans, malgré l'existence de ce signal, des femmes ont continué à être exposées à des produits toxiques et potentiellement mortels, sans qu'on les informe des risques", poursuit Charles Joseph-Oudin.

Maître Charles Joseph-Oudin a 250 dossiers pour l’Androcur. Il estime que "la gravité des situations médicales et le nombre des victimes justifient que le parquet du tribunal judiciaire de Paris ouvre une information judiciaire et organise un grand procès pour les victimes de l’Androcur." Une dizaine d’autres plaintes de victimes seront déposées au pénal dans les prochains jours, des victimes qui ont pris l’Androcur sans avoir été alertées par leur gynécologue ou leur endocrinologue qui leur prescrivaient le médicament.

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