Cancer de la vessie : évaluer le risque de récidive
Le test, mis au point à l'hôpital Saint-Louis, est destiné à apporter des indices supplémentaires aux médecins face aux tumeurs de vessie. C'est à partir d’un échantillon de sang qu’ils vont évaluer l’immunité du patient. Le Pr François Desgrandchamps, urologue, explique : "Tout le problème des tumeurs de vessie est de savoir si elles risquent de repousser ou pas. Jusqu’à présent, tous les renseignements qu’on avait pour établir le pronostic et donc le risque d’évolution de ces tumeurs ne dépendaient que de l’analyse des fragments qu’on avait et pas des données du patient. L’intérêt des résultats qu’on a obtenus est qu’on arrive à intégrer les données du patient et ses défenses immunitaires pour mieux définir le risque d’évolution de ce polype".
Un mécanisme naturel de protection détournée par les cellules cancéreuses
En étudiant les cellules tumorales, l'équipe a découvert qu'elles avaient détourné un mécanisme naturel de protection de l'organisme appelé HLA G. Elles deviennent alors capables d'inactiver certains globules blancs qui ont à leur surface un récepteur, appelé ILT2. Ils ne peuvent plus jouer leur rôle de défense immunitaire et les cellules cancéreuses peuvent donc proliférer.
En suivant 100 patients pendant trois ans, l'équipe a montré que s'ils avaient un grand nombre de globules blancs avec ce récepteur, ils étaient plus en danger. Pour le Pr Desgrandchamps, "on a pu montrer que lorsque ce taux dépassait 40% pratiquement, 100% des patients vont récidiver dans les trois ans. Mais si ce taux est très bas, il n'y a aucun risque de récidive dans les trois ans. Si ces résultats sont confirmés, on sera encore plus à même qu’avant d’évaluer le risque évolutif de ces tumeurs de vessie chez un patient donné, de façon à le surveiller de façon plus adaptée. Le but étant de préserver au maximum la vessie".
Un nouvel outil pour évaluer le risque de récidive
Avant de pouvoir utiliser les premiers résultats pour faire des arbitrages thérapeutiques importants, une plus grande étude est en cours. Les prélèvements de centaines de patients sont passés au crible pour compter précisément la quantité de lymphocytes qui risquent d’être aveuglés par la tumeur, les lymphocytes porteurs d’ILT2. Le Pr Sophie Caillat-Zucman, immunologiste, ajoute : "Nous évaluons maintenant à grande échelle de manière systématique et prospective chez tous les patients au moment du diagnostic la proportion de lymphocytes qui expriment ILT2 pour pouvoir éventuellement définir un seuil qui pourrait être un élément en faveur du risque de récidive de la tumeur".
Les patients qui seraient au-dessus du seuil pourraient recevoir un traitement plus agressif ou bénéficier d’une surveillance médicale renforcée.
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