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Cancer du sein : trois questions sur le docétaxel, la substance soupçonnée d'avoir causé cinq décès

L'Agence nationale de sécurité du médicament a lancé une enquête sur le docétaxel après le décès de plusieurs femmes traitées pour un cancer du sein. 

Article rédigé par franceinfo - Louise Hemmerlé
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le docétaxel est une molécule utilisée dans le traitement de plusieurs cancers, notamment celui du sein et celui de la prostate.  (MAXPPP)

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé, mardi 14 février, avoir lancé une enquête de pharmacovigilance en septembre sur le docétaxel, un principe actif prescrit dans le traitement de plusieurs cancers. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette substance et de ses effets. 

Qu'est-ce que le docétaxel ?

Le docétaxel est une molécule synthétisée pour la première fois en 1989 par des chercheurs du CNRS, rapporte Allodocteurs.

Le premier médicament qui contient ce principe actif est le Taxotère, commercialisé par Sanofi depuis 1995. Plusieurs génériques sont apparus par la suite, et ils représentent plus de 50% du marché pour ce produit.

Le docétaxel est autorisé dans le traitement du cancer du sein, dans le cancer du poumon, de la prostate, de l'estomac, de la bouche et de la gorge (voies aéro-digestives supérieures).

Quel est le problème avec cette substance ?

Une enquête de pharmacovigilance a été initiée par l'ANSM en septembre, après la mort de trois femmes traitées avec cette substance en août 2016. Deux autres patientes, qui suivaient le même traitement, sont mortes en novembre 2016 et en février 2017. Ces cinq femmes étaient toutes traitées par docétaxel dans le cadre d'un traitement contre le cancer du sein, et sont décédées d'entérocolite, une inflammation simultanée de l'intestin grêle et du côlon.

"On sait qu'il y a parfois des toxicités digestives qui sont en général très modérées et très transitoires, mais qui ne limitent pas l'utilisation", a expliqué Paul Cottu, oncologue à l'institut Curie à Paris, au micro de franceinfo

Le fait que les patientes décédées aient toutes pris le même médicament générique à base de docétaxel ne semble, en revanche, pas être en cause. "Je ne pense pas que ce soit une question de générique ou pas générique. C'est une question de qualité de fabrication de ce médicament-là, de ce fournisseur-là en ce moment. Que ce soit un générique ou pas, la question est exactement la même", a clarifié l'oncologue. 

Selon les informations du Figaro, qui se réfère à un document confidentiel interne entre les 31 centres de pharmacovigilance et l’ANSM, les trois décès ayant lancé l'enquête étaient tous liés au médicament générique du laboratoire Accord. 

"Lorsque nous avons été notifiés, en septembre, de ces effets secondaires, nous avons évidemment collaboré avec l'ANSM directement" et elle a établi "clairement que la qualité du produit" reçu par les patients était "conforme" à ses exigences, a dit à l'AFP Xavier Mesrobian, directeur général d'Accord Healthcare France.

Où en est l'enquête sanitaire ?

L'enquête de l'ANSM "est en cours de finalisation". Les résultats devraient être présentés le 28 mars à un comité technique de l'agence. "Il faut faire l'évaluation du bénéfice-risque si on décide de supprimer le docétaxel du marché, de le suspendre. C'est en cours d'être examiné", a déclaré Dominique Martin, directeur général de l'ANSM.

Pour l'instant, "en l'absence d'éléments complémentaires d'investigation", l'ANSM n'a pas encore formulé de recommandation, a-t-elle expliqué dans un courrier adressé aux professionnels de santé. Elle a simplement rappelé que "le paclitaxel peut constituer une alternative au docétaxel".

L'Institut Gustave Roussy, touché par des décès, a déjà cessé d'utiliser le médicament générique du laboratoire Accord à base de docétaxel pour le traitement du cancer du sein. L'Institut Curie a également annoncé, jeudi, être passé au médicament alternatif.

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