: Carte Visualisez le délai pour obtenir un rendez-vous chez un médecin dans votre département
C'est une photo assez précise des conditions d'accès au soin. La Fondation Jean-Jaurès et la plateforme Doctolib viennent de publier une enquête dévoilant une "carte de France de l'accès aux soins". Concrètement, ils ont analysé les statistiques de 70 000 professionnels de santé inscrits sur Doctolib, dans dix domaines médicaux et paramédicaux, soit un total de plus de 200 millions de consultations, dont 5,5 millions de téléconsultations.
Le premier enseignement de cette étude tend à aller à l'encontre du tableau assez sombre que l'on se faisait de l'accès au soin. Il ressort notamment que la moitié des rendez-vous avec un médecin généraliste sont obtenus en moins de trois jours, 41% le sont même en moins de 48 heures.
"L’étude des délais médians d’octroi d’un rendez-vous en médecine générale confirme que les médecins généralistes restent en première ligne pour absorber la demande de soins, notamment non programmés"
Fondation Jean-JaurèsEtude Cartes de France de l’accès aux soins - Soignants et patients face aux inégalités territoriales
Ainsi, "dans 90% des départements où sont présents des médecins généralistes ayant recours à Doctolib, les demandes de rendez-vous sont satisfaites en moins d’une semaine", peut-on lire dans l'étude. Toutefois, la part des rendez-vous en 48 heures a diminué de 3% en trois ans, "probablement en écho à la baisse de démographie de la profession", rappelle l'enquête. Les auteurs reconnaissent par ailleurs plusieurs biais dans cette enquête. D'abord, les statistiques retenues ne concernent que les utilisateurs ayant recours aux outils Doctolib. "Par nature, elles ne sont donc pas représentatives de l’ensemble des réalités d’accès aux soins dans les territoires", rappelle l'enquête. Par ailleurs, ces statistiques "ne permettent pas d’avoir de la visibilité sur les recherches de rendez-vous qui n’aboutissent pas". En clair, seuls les patients qui ont réussi à obtenir un rendez-vous sur Doctolib sont comptabilisés dans l'étude.
Une difficulté plus grande pour consulter des spécialistes
En revanche, "sans surprise", notent les auteurs, "l’étude distingue de grandes disparités d’accès entre les différentes professions de santé". Car les délais entre la prise de rendez-vous et la consultation s'allonge en effet dès lors que l'on souhaite consulter certains spécialistes. Ainsi, en moyenne, il faut compter plus d'un mois pour consulter un cardiologue ou un dermatologue, et plus de deux semaines à un mois pour voir un gynécologue, un psychiatre ou un ophtalmologue.
Plus précisément, on relève plus d'un mois d’attente dans 90 % des départements couverts par l’étude, voire plus de deux mois d’attente dans un tiers d’entre eux. Cette dernière catégorie concerne a fortiori les départements ruraux. Et c'est justement l'autre grand aspect de cette enquête, il faut évidemment lire ces résultats globaux un peu plus dans le détail et observer des disparités géographiques.
Des écarts entre départements
L'étude montre qu'il existe des disparités parfois très fortes en fonction du département dans lequel on se trouve. Ainsi, "dans 7 régions en France, une quinzaine de départements sont en difficulté", notent les auteurs. Dans le Gers (Occitanie), en Saône-et-Loire, dans la Nièvre et le Territoire de Belfort (Bourgogne-Franche-Comté), dans le Loiret et le Cher (Centre-Val-de-Loire), dans les Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine) et l’Ardèche (Auvergne-Rhône-Alpes), l’Eure, le Calvados et la Manche (Normandie), la Loire-Atlantique et les Côtes-d’Armor (Bretagne), ainsi que le Pas-de-Calais (Hauts-de-France), les délais médians sont au moins deux fois supérieurs à la moyenne nationale, pour au moins trois spécialités.
"C’est en ophtalmologie, en dermatologie et en pédiatrie que les écarts entre les départements sont les plus importants : il y a + de 90 jours de différence entre les départements où les délais sont les plus rapides et ceux où ils sont les plus courts."
Fondation Jean-JaurèsEtude Cartes de France de l’accès aux soins - Soignants et patients face aux inégalités territoriales
Au contraire, les professions les plus homogènes à l’échelle départementale sont les médecins généralistes, les masseurs-kinésithérapeutes et les sages-femmes, précise l'étude. Ainsi, "la plupart des cartes des délais médians d’accès aux soins ont tendance à se superposer aux cartes de démographie médicale et plus largement aux cartes des inégalités territoriales dans l’Hexagone", notent les chercheurs, "même si cette comparaison doit être prise avec précaution", notent-ils.
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