Ce que l'on sait de l'hépatite d'origine inconnue qui touche les enfants
Près d'une centaine de cas d'hépatite pédiatrique, dont l'origine est encore mystérieuse, ont été détectés dans cinq pays d'Europe, dont deux en France.
Deux premiers cas d’hépatite aiguë dont les causes (l'étiologie) sont indéterminées ont été signalés en France. Ces deux cas, survenus chez des enfants de moins de 10 ans, sont en cours d'investigation médicale. Pour Santé publique France, l'identification de ces cas, au CHU de Lyon, "n’est pas inattendue et ne témoigne pas, à ce stade, d’un excès de cas en France".
Actuellement, 93 cas ont été recensés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). La majeure partie provient du Royaume-Uni, avec 74 enfants souffrant d'une inflammation du foie dont l'origine est inconnue. Franceinfo fait le point sur nos connaissances actuelles sur cette hépatite infantile.
Une série qui a commencé en Ecosse
Cette hépatite aiguë d'étiologie inconnue, qui ne touche que les enfants, a été détectée, le 5 avril, chez dix enfants âgés de moins de 10 ans et vivant dans le centre de l'Écosse. Une semaine plus tard, le 12 avril, le Royaume-Uni a annoncé que 61 autres enfants, âgés pour la plupart de 2 à 5 ans, étaient touchés par cette même maladie, et faisaient l'objet d'une enquête sanitaire en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord, rapporte l'ECDC sur son site (article en anglais).
Cette agence européenne travaille en partenariat avec les agences de santé nationales et l'OMS pour le suivi des enquêtes, le partage des informations et le recensement des cas. Ainsi, depuis le 15 avril, trois cas confirmés ont été signalés chez des enfants, âgés de 22 mois à 13 ans, en Espagne.
Deux autres cas ont été recensés en France. Et "d’autres signalements sont probablement à attendre dans les prochains jours", a prévenu Santé publique France. Mais également ailleurs dans le monde et ce "avant que l'étiologie n'ait été trouvée", a précisé l'OMS (article en anglais). Ainsi, neuf cas suspects ont également été identifiés chez des enfants âgés de 1 à 6 ans dans l'Alabama, aux Etats-Unis, le 19 avril.
Certains enfants ont dû subir une greffe du foie
D'après les premiers cas étudiés au Royaume-Uni (article en anglais), presque tous les enfants malades présentaient "une jaunisse", mais également "des symptômes gastro-intestinaux, notamment des douleurs abdominales, de la diarrhée ou des vomissements et de la léthargie". Aucun n'a souffert de fièvre les semaines précédant son admission à l'hôpital.
Certains enfants ont été transférés vers des unités spécialisées et "six enfants ont subi une transplantation hépatique", rapporte l'OMS. "Au 11 avril, aucun décès n'a été signalé parmi ces cas et un cas épidémiologiquement lié a été détecté."
Le vaccin contre le Covid-19 n'en est pas la cause
Tous les malades étaient en bonne santé avant de présenter les signes cliniques d'une infection hépatique. "Aucun lien avec le vaccin Covid-19 n'a été identifié", assure l'ECDC. En effet, aucun des enfants malades et soignés au Royaume-Uni n'avait été vacciné contre le Covid-19, a assuré le gouvernement britannique (article en anglais).
Cependant, certains cas ont été testés positifs pour "le Sars-CoV-2 et/ou l'adénovirus", précise l'OMS. Les adénovirus sont une famille de virus courants qui provoquent généralement une gamme de maladies bénignes, telles que le rhume ou des infections respiratoires. La grande majorité des patients se rétablissent sans complications. L'hépatite est néanmoins est une des complications possibles (mais rares) de ces adénovirus.
"Mais l'adénovirus est un virus qu’on retrouve très souvent chez l’enfant donc aucune certitude que ce soit lui le responsable, anticipe le pédiatre Robert Cohen, infectiologue à l’hôpital de Créteil (Val-de-Marne), au micro d'Europe 1. Dans les hépatites graves, les premières causes ne sont pas virales, elles sont toxiques."
La cause infectieuse est privilégiée
Bien que les cas d’hépatite aiguë d’étiologie indéterminée chez l’enfant "ne soient pas rares" rappelle Santé publique France, des recherches sont en cours pour déterminer la cause exacte afin d'orienter les actions cliniques et de santé publique. Les tests en laboratoire ont exclu "les virus de l'hépatite de type A, B, C et E dans tous les cas", précise l'OMS.
Conjointement aux pistes de l'adénovirus et d'une contamination au Sars-CoV-2 ayant entraîné un Covid long, d'autres pistes sont creusées par les autorités sanitaires britanniques. Notamment celle d'une contamination d'origine alimentaire (par de l'eau ou des aliments mal lavés), ou celle d'une origine environnementale. Par ailleurs, explique le professeur Yazdan Yazdanpanah, qui dirige en France l'Agence sanitaire ANRS-maladies infectieuses émergentes, "la cause peut être infectieuse et virale". Cette cause est aussi "la plus probable du fait des caractéristiques cliniques et épidémiologiques des cas étudiés", selon l'ECDC.
Le lavage des mains pour s'en prémunir
Le meilleur moyen de se prémunir de l’infection reste le respect des règles sanitaires habituelles avec un lavage minitieux des mains, notamment chez les jeunes enfants. En cas de symptômes − jaunisse, selles blanches, urines foncées avec ou sans fièvre −, Santé publique France recommande de consulter un spécialiste.
L'OMS n'a pour le moment pas conseillé de restreindre les déplacements vers le Royaume-Uni ou tout autre pays où des cas sont identifiés.
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