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Congé menstruel : craignant un "accroissement des discriminations", Osez le féminisme propose la suppression du délai de carence "pour tous"

Avec la proposition de loi pour créer un "congé menstruel", les personnes souffrant de règles douloureuses pourraient obtenir un arrêt de travail pris en charge par la sécurité sociale, sans jours de carence.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Photo d'illustration. Un efemme souffre de douleurs pelviennes (KETTY BEYONDAS / MAXPPP)

"En créant un arrêt spécifique au congé menstruel, les employeurs vont accroître la discrimination dont les femmes font déjà l'objet aujourd'hui", craint vendredi 26 mai sur franceinfo la porte-parole d'Osez le féminisme. Violaine de Filippis-Abate réagit aux propositions de loi écologiste et socialiste visant à instaurer un congé menstruel de 13 jours par an et sans délai de carence. Elle appelle à "s'interroger sur la philosophie du délai de carence pour tous, hommes comme femmes". "Si un salarié avait droit à une indemnisation dès le premier jour, il n'y aurait pas besoin de créer un tel dispositif."

>>> Congé menstruel : que contient la proposition de loi portée par trois députés écologistes ?

franceinfo : Quelles sont vos réserves sur ce dispositif ?

Violaine de Filippis-Abate, la porte-parole d'Osez le féminisme : Tout d'abord, c'est quand même une bonne chose qu'on parle de la douleur des femmes dans le débat public. Ces propositions de loi en sont l'occasion et, en cela, elles sont saluables. En revanche, c'est un peu flou parce qu'il est déjà possible aujourd'hui de bénéficier d'un arrêt de travail en cas de règles douloureuses. L'accès à ce droit n'est pas très clair. Les femmes ne savent même pas qu'elles peuvent déjà être arrêtées en cas de règles douloureuses.

La loi actuelle pourrait donc suffire ?

Elle ne suffit pas en l'état, mais ce qui est proposé ne nous semble pas non plus adéquat. En créant un arrêt spécifique au congé menstruel, les employeurs vont accroître la discrimination dont les femmes font déjà l'objet aujourd'hui. L'alternative que nous proposons serait de s'interroger sur la philosophie du délai de carence pour tous, hommes comme femmes. Si un salarié avait droit à une indemnisation dès le premier jour, ça règlerait le souci. Il n'y aurait pas besoin de créer un dispositif qui va potentiellement aggraver notre discrimination.

Que dites-vous du congé menstruel qui existe en Espagne ?

Ça date de quelques mois, donc je dirais qu'on n'a pas le recul nécessaire. Concernant les pays qui l'ont déjà instauré comme le Japon, l'indemnisation n'est pas automatique. On peut donc également penser que ces problématiques financières empêchent les femmes de le prendre, comme le tabou autour des règles. On n'a pas forcément envie de dire à son employeur qu'on a des règles douloureuses et le fait d'instaurer un congé menstruel ne va pas forcément déstigmatiser par un coup de baguette magique les règles.

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