Le VIH traité chez un patient grâce à un anticancéreux
Le cas est unique et doit être considéré avec prudence. Mais l’espoir qu’il suscite est grand. Un homme de 51 ans porteur du VIH et atteint d’un cancer du poumon a suivi un traitement par immunothérapie, visant à détruire sa tumeur, qui a diminué le virus du sida présent dans son organisme.
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La nouvelle vient d’une équipe française et a été publiée dans la revue Annals of oncology vendredi. Co-auteur de l’étude, le Pr Anne-Geneviève Marcelin précise les résultats obtenu les chercheurs : "Le traitement a permis une diminution du réservoir du virus qui est présent dans les cellules du patient." Une avancée primordiale, puisqu’il est à l’heure actuelle presque impossible de s’attaquer à ce réservoir viral.
"Choquer et tuer"
L’homme de 51 ans, diagnostiqué du VIH en 1995, suit un traitement par immunothérapie depuis décembre 2016, à raison d’une injection tous les 15 jours lors de ses cures. Il prend également des antirétroviraux. Son cancer "n’est pas totalement sous contrôle", selon le Pr Marcelin. Le nivolumab, du nom de la molécule utilisée, a permis en revanche d’éliminer une partie du réservoir du virus du sida. La stratégie consiste à "choquer et tuer" : le virus en sommeil est réveillé par le traitement. L’anti PD-1 (le nivolumab en l’occurrence) lève ensuite le blocage de la réponse immunitaire, ce qui va permettre enfin de détruire les cellules infectées.
La prudence est toutefois de mise. Ce type de traitement ne concerne qu’un seul patient, et a en outre été précédé d’échecs sur d’autres personnes porteuses du VIH. "C’est une piste très encourageante, qu’il faudra confirmer", tempère le Pr Marcelin, virologue à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et chercheur à l’université Pierre et Marie Curie. Elle cite notamment un cas similaire, où le réservoir viral n’avait pas été entamé par l’immunothérapie.
La charge virale importante aurait permis la détection du VIH
Pourquoi le nivolumab a-t-il fonctionné sur ce patient et pas sur d’autres ? Une hypothèse émise par le Pr Marcelin tiendrait à la charge virale importante de ce quinquagénaire. Le virus n’était pas totalement contrôlé, il était donc plus facilement détectable, et éliminable, par les cellules immunitaires réactivées par l’immunothérapie.
Pour en savoir plus, l’agence française de recherches sur le sida (ANRS) a lancé en octobre la constitution d’une cohorte de patients (OncoVIHAC) qui va permettre d’étudier la relation entre diminution du VIH et injection "anticorps inhibiteurs des checkpoints immunitaires".
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Même si les résultats publiés ce vendredi sont très encourageants, il ne faut pas s’attendre à des miracles de la part de la seule immunothérapie. "Il faut associer l’immunothérapie à d’autres traitements", explique le Pr Marcelin. La bonne combinaison pourrait peut-être rapprocher médecins et patients du but ultime, "la guérison", espère la virologue. Même si, reconnaît-elle, "on en est encore loin".
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