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Déserts médicaux : le remède de cheval du Sénat

Dans un rapport rendu public jeudi, des sénateurs proposent notamment un service médical obligatoire de deux ans pour les spécialistes.

Article rédigé par franceinfo
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Dans le bureau d'un médecin de Godewaersvelde (Nord), le 25 septembre 2012. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

C'est un traitement de choc que veut administrer le Sénat. Des sénateurs présentent, jeudi 7 février, leur rapport sur la lutte contre les déserts médicaux. Leurs principales propositions ont déjà fuité dans la presse. Et elles vont à l'encontre des mesures incitatives présentées par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et déjà éprouvées par ses prédécesseurs, sans grand succès.

"La situation est extrêmement préoccupante et on sait que cela va s'aggraver", explique Hervé Maurey, sénateur UDI de l'Eure et auteur du rapport, contacté par francetv info. "Il faut avoir du courage et non pas se contenter de mesurettes comme depuis le début des années 1990. Il faut prendre le problème à bras le corps et décider de mesures fortes", plaide l'élu centriste.

La commission Aménagement du territoire du Sénat a donc rédigé "seize propositions", "sans tabous", et "sans voix discordantes". Francetv info vous présente les mesures phares prônées par la Haute assemblée.

Limiter la liberté d'installation

"Chirurgiens-dentistes, infirmiers : toutes les professions de santé sont régulées. Seuls les médecins ne sont pas encadrés", justifie Hervé Maurey. "On doit faire comme pour les pharmacies. Une officine pour tant d'habitants", argumente Jean-Luc Fichet, sénateur maire PS du Finistère et président de la commission aménagement du territoire, dans Ouest France.

Les auteurs du rapport entendent donc s'attaquer au conventionnement des médecins, explique Le Figaro. Ils suggèrent d'exclure de l'Assurance maladie les médecins qui souhaiteraient s'installer dans des zones à forte densité médicale. Leurs patients ne seraient alors pas remboursés par la Sécu. Les jeunes médecins auraient ainsi le plus grand mal à se constituer une clientèle.

Une mesure similaire, appliquée aux infirmiers, a porté ses fruits, relève le quotidien conservateur. Entre 2008 et 2011, les installations ont bondi de 33% dans les déserts médicaux.

Imposer un service médical obligatoire

Les auteurs du rapport préconisent aussi de forcer les jeunes médecins spécialisés à exercer, pendant leurs deux premières années, dans des zones qui souffrent d'une pénurie de professionnels, révèle Europe 1. Gynécologues et cardiologues iraient travailler dans les petits hôpitaux de chefs lieux de départements qui rencontrent des difficultés à recruter.

Régionaliser le numerus clausus

Les sénateurs offrent aussi de régionaliser le numerus clausus. Aujourd'hui, les effectifs des étudiants en médecine ne sont calculés qu'au niveau ­national. Le ramener à l'échelle régionale permettrait de mieux prendre en compte les besoins spécifiques de chaque territoire. "Cela existait autrefois", souligne Hervé Maurey. Pour souligner l'utilité d'une telle mesure, l'élu centriste fait remarquer que "80% des étudiants restent dans la région où ils ont fait leurs études"

Réformer les études de médecine

Autre suggestion du Sénat : obliger les étudiants en médecine à faire un stage d'initiation à la médecin générale. Il s'agirait d'une "4e année professionnalisante en fin de 3e cycle pour les étudiants en médecine générale" qui serait "accomplie de préférence dans les zones sous-dotées", détaille Ouest France. Il faudrait alors favoriser l'accueil des étudiants par des aides au logement ou au transport, et en équipant les maisons de santé de logements étudiants. 

"Il ne s'agit pas de revenir sur le volet incitation, mais de le compléter par un volet régulation", assure Hervé Maurey. "Ce système existe déjà pour les médecins en Allemagne", fait-il d'aileurs valoir. Le rapport va être présenté à la ministre. S'il ne retient pas son attention, Hervé Maurey promet "des initiatives au Sénat" et pourquoi pas "l'élaboration d'une proposition de loi".

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