Cannabis : les amendes vont régler "la consommation dans l’espace public" selon le député Robin Reda
Pour punir l'usage du cannabis, il faut "une sanction plus systématique et plus immédiate", a justifié dimanche sur franceinfo, le député LR Robin Reda, qui préconise des amendes plutôt que des peines de prison.
En France, "on a une législation très dure qui est appliquée de manière très molle", a expliqué dimanche 21 janvier sur franceinfo, Robin Reda, député Les Républicains de l'Essonne, et co-rapporteur de la mission parlementaire sur l’usage de stupéfiants avec le député de La République en marche, Eric Poulliat.
Dans ce rapport de 80 pages que Le Parisien a pu consulter et qui doit être rendu public mercredi, Robin Reda propose des amendes de 150 à 200 euros plutôt que des peines de prison. Ces contraventions permettraient, selon le co-rapporteur, de "réorienter le temps gagné par les policiers et la justice pour lutter contre le trafic, ce qui est la vraie gangrène de l’économie souterraine de la drogue en France."
franceinfo : Que proposez-vous dans ce rapport ?
Robin Reda : En réalité, de nos jours il y a une banalisation extrême de la consommation du cannabis en France. On a une législation très dure qui est appliquée de manière très molle. Il faut trouver des solutions plus pragmatiques pour faire baisser la consommation qui n’a jamais été aussi forte dans notre pays. Aujourd’hui, fumer un joint est un délit qui peut être puni d’une peine d’emprisonnement, mais dans les faits, personne ne va en prison. On se retrouve dans une situation assez curieuse où il est plus facile de sanctionner quelqu’un qui consomme de l’alcool ou du tabac dans un lieu public plutôt que du cannabis. Il faut donc mettre fin à ces incohérences et rappeler l’interdit par une sanction plus systématique et plus immédiate.
Vous pensez que la simple amende peut résoudre le problème lié à la consommation de drogue ?
Aujourd’hui, les amendes éventuellement prononcées par les tribunaux -quand ce n’est pas un rappel à la loi- sont comprises entre 200 et 300 euros. Je pense qu’il faut transposer cette amende. Il faut couper le cordon entre la Justice et la police pour que ce soit les forces de l’ordre sur le terrain qui puissent directement verbaliser. Cela mettra fin à ces comportements dans l’espace public et permetrra de réorienter le temps gagné par les policiers et la Justice pour lutter contre le trafic, qui est la vraie gangrène de l’économie souterraine de la drogue en France.
Est-ce que cela ne va pas, au contraire, pousser les jeunes à vouloir fumer encore plus ?
La législation est très dure et la France est le premier pays consommateur de cannabis en Europe. Dix-sept millions de nos compatriotes disent avoir expérimenté cette drogue. Il y a des courbes qui se croisent dans le mauvais sens. Aujourd’hui, les jeunes, comme les moins de jeunes, ont très peu de chance de recevoir une amende pénale ou d’aller devant les tribunaux s’ils consomment du cannabis. La sanction se retrouve discréditée. Je propose donc d’avoir une contravention qui est l’outil le plus systématique de sanction. Elle est immédiate, rappelle l’interdit et permet surtout de se concentrer sur ceux qui alimentent cette consommation excessive, c’est-à-dire les trafiquants. Nous ne sommes pas dans une dépénalisation qui se résumerait à baisser les bras face à l’économie souterraine. Il faut mobiliser nos policiers, nos forces de l’ordre et la Justice dans la recherche de tous les canaux de distribution : du petit dealer de rue jusqu’à la tête de réseau. Ces gens-là doivent être traduits devant la Justice et éventuellement envoyés en prison. C'est le mal qui ronge un certain nombre de nos villes. Ce ne sont pas par les simples usagers.
L'autre rapporteur de ce rapport, Eric Poulliat, n'est pas tout à fait d'accord avec vous. Il ne souhaite pas supprimer la notion de délit. Est-ce si compliqué de se mettre d'accord ?
Il va falloir la régler cette question car elle concerne toutes les familles, quelle que soit leur catégorie sociale ou leur situation sur le territoire français. On est dans un problème de société. La banalisation des usages a de loin dépassé la législation. Il faut ouvrir les yeux. Cette proposition d’amende va régler une question, celle de la consommation dans l’espace public, mais elle ne réglera pas la question de santé publique. J’en appelle à toutes les autorités pour qu’il y ait un débat sur ce thème, parce que la prévention n’a jamais été aussi faible dans les établissements scolaires alors que c’est l’endroit le plus facile pour se procurer aujourd’hui du cannabis. C’est un problème à regarder en face et à ne pas traiter à la légère.
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