De plus en plus d'enfants et d'adolescents intoxiqués par des produits à la nicotine et au tabac, alerte l'Anses

L'Anses alerte aussi sur les prises accidentelles de nicotine et de tabac car de nombreux appels aux centres antipoison concernent des bébés qui ont avalé par erreur du tabac.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Image d'illustration de lycéens fumeurs. (BERTRAND BECHARD / MAXPPP)

De plus en plus d'enfants et d'adolescents sont intoxiqués par des produits à la nicotine et au tabac, révèle l'Anses dans une étude. L'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale a recensé tous les appels reçus par les centres antipoison entre janvier 2017 et décembre 2022, soit 300 appels au total.

Le nombre d'appels peut sembler léger, mais l'Anses estime que c'est probablement la face émergée de l'iceberg. Si l'étude montre que de jeunes enfants sont concernés par ces intoxications, ce sont surtout les adolescents qui sont le plus touchés et dans leur cas il s'agit d'une consommation intentionnelle de snus (une forme de tabac conditionné en sachets contenant une poudre de tabac) ou de sachets de nicotine (âge médian : 14 ans).

Des appels d'infirmiers de collège sur des cas d'intoxication d'élèves

Des appels surprenants ont été reçus ces dernières années par les centres antipoison. Des infirmeries de collège ont téléphoné pour prévenir d'une intoxication de plusieurs élèves à des sachets de tabac ou de nicotine, explique Cécilia Solal, toxicologue à l'Anses. "Un élève en avait donné aux autres et cela avait conduit à des symptômes. La première prise de nicotine peut être suffisante pour entraîner des symptômes" comme des convulsions ou des symptômes. Les adolescents finissent parfois à l'hôpital. Dans 54,6% des cas, les personnes présentaient des symptômes dont 82,6% étaient de gravité faible.

Les adolescents glissent ces sachets de tabac entre la lèvre et la gencive. Le snus, une forme de tabac conditionné en sachets contenant une poudre de tabac, est interdit en France. Donc ceux qui circulent en France sont plutôt remplis uniquement de nicotine. "Ce sont des produits qui ne sont pas réglementés donc on ne sait pas réellement ce qu'il y a dans les sachets de nicotine. On ne sait pas si la concentration de nicotine indiquée sur la boîte est la vraie", déclare Cécilia Solal.

Au-delà du risque de dépendance des adolescents à la nicotine, l'Anses alerte sur les risques d'intoxications et demande aux autorités de santé d'encadrer et de réglementer l'usage de ces sachets de nicotine pour les mineurs. L'Anses alerte aussi sur les prises accidentelles de nicotine et de tabac car de nombreux appels aux centres antipoison concernent des bébés qui ont avalé par erreur du tabac à mâcher (ou chiquer), du tabac à chauffer ou encore des billes aromatiques colorées ressemblant à des bonbons. 12 cas d'exposition au tabac à chauffer concernent des nourrissons de 9 à 20 mois. Pour les 138 expositions à des billes aromatiques, les trois quarts des exposés étaient des enfants dont 52,9% étaient âgés de 1 à 3 ans.


L’étude a été confiée au groupe de travail "Vigilance des produits chimiques" de l’Anses en avril 2022 et a été validée en septembre 2023. Trois experts médecins toxicologues ont été nommés rapporteurs pour l’analyse des données. Ces travaux sont ainsi issus d’un collectif d’experts aux compétences complémentaires.

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