Prix du paquet de cigarettes, espaces sans tabac, accès aux traitements... Ce qu'il faut retenir du nouveau plan du gouvernement contre le tabagisme
Le gouvernement veut "franchir un nouveau cap contre le tabagisme". Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a présenté, mardi 28 novembre, son programme national de lutte contre le tabac pour la période 2023-2027. Avec 75 000 décès par an, le tabagisme représente "la première cause de mortalité évitable" en France, "la première cause de mortalité par cancer" et "la première cause de mortalité liée aux maladies cardio-vasculaires", a-t-il rappelé.
Alors que la France compte encore 12 millions de fumeurs quotidiens, soit "un quart de la population adulte", l'exécutif entend faire baisser ce chiffre en s'appuyant sur "deux piliers principaux" : une nouvelle hausse des prix et une extension des lieux sans tabac. En parallèle, les autorités sanitaires souhaitent mieux accompagner les fumeurs qui font le choix d'arrêter, "un corollaire indispensable" pour sortir d'une logique "qui serait vue comme seulement punitive". Voici les grandes lignes de la nouvelle stratégie gouvernementale.
Un paquet à 12 euros en 2025 et 13 euros d'ici 2027
Le prix minimum du paquet de cigarettes sera porté à 12 euros "dès le début de l'année 2025", puis à 13 euros "au cours de l'année 2026", a annoncé Aurélien Rousseau. Actuellement, le prix moyen constaté est d'environ 11 euros, a-t-il précisé. Alourdir la facture des fumeurs "est bien la mesure la plus efficace contre le tabac", a défendu le ministre, évoquant "un consensus scientifique au niveau mondial" sur le sujet.
Pourquoi attendre 2025 ? En cette période d'inflation, une hausse dès 2024 aurait eu "toutes les chances d'être uniquement comprise comme une mesure pour taper sur le pouvoir d'achat", a estimé Aurélien Rousseau. L'objectif des deux paliers annoncés est de "donner de la visibilité" aux fumeurs et de leur laisser le temps de s'engager dans une démarche de sevrage. Il s'agit d'une "mesure globale de santé publique", a martelé le ministre.
Mécaniquement, sous l'effet de l'inflation, les prix des paquets devraient déjà augmenter de 40 à 50 centimes dès janvier 2024, selon des estimations de la Confédération des buralistes, citée par Les Echos. Plus prudent, Aurélien Rousseau a évoqué une hausse de "20 centimes" l'an prochain. Contacté par franceinfo, son cabinet précise que les chiffres pour 2024 doivent encore être finalisés. "Quoi qu'il en soit, si l'inflation n'a pas fait le travail par elle-même, nous porterons bien le prix à 12 euros au 1er janvier 2025 et 13 euros au 1er janvier 2027", affirme le ministère.
Des plages et des parcs sans tabac dès l'an prochain
L'ensemble des plages, des parcs publics et des forêts, ainsi que les abords de certains lieux publics, comme les établissements scolaires, vont devenir des espaces sans tabac, a annoncé Aurélien Rousseau. "Nous prendrons les décrets au premier trimestre 2024", a-t-il précisé.
Jusqu'ici, 7 200 lieux de ce type étaient déjà concernés par des interdictions de fumer, mais "c'était avant tout le résultat d'un mouvement impulsé localement par les communes". "Nous renversons aujourd'hui la responsabilité et fixons ce principe, qui devient la règle", a exposé le ministre. Les préfets garderont toutefois la possibilité "d'adapter" cette règle "à certaines spécificités locales".
Le paquet neutre étendu aux cigarettes électroniques, les "puffs" interdites
Pour "éviter le report" des fumeurs vers de nouveaux produits et réduire "l'attractivité" des pratiques émergentes, "le paquet neutre sera étendu à tous les produits de tabac, y compris de vapotage", a promis Aurélien Rousseau. "Avec le packaging actuel, on a l'impression d'acheter un produit de luxe", a-t-il observé. Le ministre entend également engager "très prochainement" un travail pour "limiter les arômes autorisés dans les produits de vapotage" et poursuivre la politique de "rapprochement de la fiscalité de l'ensemble des produits du tabac, avec ou sans combustion".
"Ces produits mènent ensuite le plus souvent au tabagisme et n'en sont pas des substituts."
Aurélien Rousseau, ministre de la Santéen conférence de presse
Comme annoncé par la Première ministre, Elisabeth Borne, en septembre, les "puffs" vont être bannies. Ces cigarettes électroniques jetables, aux arômes souvent sucrés, "sont une aberration, tant du point de vue de la santé publique que de celui de leur empreinte environnementale", a accusé Aurélien Rousseau. Cette interdiction doit être débattue dès mardi à l'Assemblée nationale, au sein de la commission des affaires sociales, lors de l'examen d'une proposition de loi transpartisane en ce sens.
Par ces mesures visant à "protéger" le public "jeune et très jeune" ciblé par ces "produits colorés et ludiques", l'exécutif espère atteindre "une première génération d'adultes débarrassés du tabac en 2032". Il se félicite déjà d'une "nette baisse du tabagisme observée chez les jeunes de 17 ans", avec un passage de 25% à 16% de fumeurs dans cette tranche d'âge entre 2017 et 2022.
Une expérimentation pour un accès sans ordonnance aux traitements de substitution
Dès le premier trimestre 2024, le gouvernement souhaite expérimenter l'"accès direct aux traitements de substituts nicotiniques remboursés, sans ordonnance". Les pharmaciens seront chargés de la "prescription et de la délivrance" de ces patchs et autres gommes et devront proposer aux fumeurs "d'être accompagnés personnellement par un professionnel de santé". "Pour arrêter de fumer, la clé est d'être aidé, pas simplement d'être culpabilisé", a insisté Aurélien Rousseau, promettant par ailleurs de "renforcer" la plateforme Tabac Info Service.
Avant de passer le prix du paquet de cigarettes à 12 euros en 2025, le ministre de la Santé entend "mettre à profit l'ensemble de 2024 pour développer tous les leviers possibles au service de l'accompagnement des fumeurs vers le sevrage tabagique". En cette année olympique et paralympique, il veut par exemple "renforcer l'activité physique adaptée". Des "actions ciblées vers les publics les plus exposés, en particulier les plus précaires", seront également menées.
Un "soutien" à la transition des buralistes
Conscient que son plan risque d'affecter les bureaux de tabac, le gouvernement promet d'être "au rendez-vous pour soutenir et accompagner" les buralistes "engagés dans la transformation de leur métier". Il veut ainsi les aider à "réduire leur dépendance liée aux revenus du tabac". Il s'engage aussi à mener "une lutte renforcée" contre la contrebande et les achats transfrontaliers et à œuvrer pour une "harmonisation de la fiscalité des produits du tabac en Europe". En "contrepartie", le ministre de la Santé dit attendre des buralistes des "engagements concrets" en matière de respect de l'interdiction de la vente de tabac aux mineurs. Les contrôles en la matière seront "renforcés", prévient-il.
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