Alerte sur la présence d'arsenic dans les "pouches", ces sachets de nicotine aromatisés

De l'arsenic et d'autres métaux lourds ont été retrouvés dans sept produits de quatre fabricants différents (Zyn, Velo, D’lice et Nois), selon une étude de l'Institut national de la consommation.
Article rédigé par franceinfo
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Une personne tient dans sa main des pouches, des petits sachets de nicotine aromatisés, le 3 mai 2024. Image d'illustration. (ROBERT MICHAEL / DPA)

Les "pouches", ces sachets de nicotine aromatisés, contiennent des taux élevés d'arsenic, une substance cancérigène, selon une étude de l'Institut national de la consommation (INC), en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT), et à laquelle franceinfo a eu accès mardi 10 décembre.

Ce produit, surtout destiné aux jeunes, et dont l'interdiction prochaine avait été annoncée fin octobre par la ministre démissionnaire de la Santé Geneviève Darrieussecq, a été analysé en laboratoire par l'Institut national de la consommation (INC). Sept produits de quatre fabricants différents (Zyn, Velo, D’lice et Nois) ont été analysés, car il s'agit des marques les plus facilement disponibles en France. "Outre des taux élevés de nicotine, les analyses ont montré la présence de métaux lourds, et notamment d’arsenic, ainsi que des taux élevés d’édulcorants comme le sucralose", écrit l'INC dans son rapport d'étude mardi.

Lors de l'analyse en laboratoire, l'INC a pu pointer "jusqu'à cinq métaux lourds différents" dans ces sachets de nicotine. L'étude pointe notamment la présence d’arsenic dans l’ensemble des marques analysées, "jusqu’à 6,5 fois les quantités d’arsenic présentes dans une cigarette". "Cancérogène avéré, fortement irritante pour les voies respiratoires et toxique en cas d’ingestion, la présence d’arsenic est particulièrement préoccupante", poursuit le rapport d'étude. Par ailleurs, dans certaines marques, l’étude souligne également la présence de plomb, d’antimoine (potentiellement cancérogène) et de formaldéhyde (substance toxique et corrosive).

"Des vecteurs de dépendance à la nicotine"

De plus, l’analyse montre que "les teneurs en nicotine affichées sur les boîtes sont systématiquement sans rapport avec les teneurs réelles des produits, avec un différentiel allant de 20% à 73% selon les marques". L'INC relève aussi que les teneurs réelles des sachets de nicotine peuvent aller jusqu’à 38,9 mg/g, soit près de dix fois plus que les gommes vendues en pharmacie, limités à 4mg/g. "Ces produits apparaissent ainsi comme des vecteurs de dépendance à la nicotine, notamment auprès des jeunes", selon l'INC.

"Nous alertons depuis plusieurs années sur le fait que la commercialisation de ces produits est illégale."

Yves Martinet, président du Comité national de lutte contre le tabagisme

dans le rapport d'étude publié mardi

"Nous démontrons aujourd’hui que les sachets de nicotine sont particulièrement nocifs par la présence préoccupante de métaux lourds que ces produits contiennent, et des vecteurs d’addiction par leur teneur en nicotine et en édulcorants", explique dans le rapport d'étude le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme.

Ainsi, dans une lettre commune adressée au Premier ministre et à la ministre de la Santé, "l'INC rejoint la position du CNCT pour demander l’interdiction explicite et immédiate de ces produits".

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