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Tabac : "Mon angoisse, c'est de n'avoir ni chewing-gum, ni pastilles", confie un ancien fumeur, "accro" aux substituts nicotiniques

Alors que débute le "Mois sans tabac" ce mercredi, des pharmaciens et tabacologues observent que la consommation des substituts nicotiniques oraux est en forte hausse depuis 2019 et leur remboursement sur prescription.
Article rédigé par franceinfo - Salomé Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Campagne de promotion pour le mois sans tabac qui commence le 1er novembre 2023, sur la devanture d'une pharmacie à Paris. (ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS)

Thierry, retraité, a arrêté de fumer il y a sept ans, après 40 ans de cigarettes. Mais, aujourd'hui, il ne peut plus sortir sans ses chewing-gums ou ses pastilles de substituts nicotiniques : il en consomme une vingtaine par jour. "Globalement, je finis une pastille, je prends un chewing-gum, je finis un chewing-gum, je prends une pastille, confie-t-il. Quand tu es fumeur, tu vas toujours avoir un paquet de cigarettes, tu vas faire des dizaines de kilomètres le dimanche pour trouver un paquet. Et là, mon angoisse, c'est de ne pas avoir ni chewing-gum ni pastilles"

Impossible de dire combien d'ex-fumeurs sont dans la même situation que Thierry, car ils ne sont pas recensés. Mais le pharmacien Théodore Henrique confirme vendre plus de substituts nicotiniques au quotidien depuis 2019 et leur remboursement sur prescription."On voit passer les ordonnances, explique-t-il, mais il y a aussi des gens qui viennent les acheter sans la prescription, parce qu'ils en ont besoin sur le long terme pour leur sevrage qui peut durer plus ou moins longtemps."

"D'autres viennent assez régulièrement pour acheter des grosses quantités. Il y a même des gens qui se sentent un peu coupables d'en acheter."

Un pharmacien

à franceinfo

 

La nicotine, addictive mais non-toxique

La culpabilité, c'est aussi ce que voit parfois Ivan Berlin, médecin tabacologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. Il estime que 30 à 40 % de ses patients qui ont arrêté le tabac avec ces produits et consomment longtemps parfois plusieurs dizaines d'années. Si la dépendance est forte pour certains, c'est que les substituts délivrent un "shot" de nicotine immédiat. "Ces formes de nicotine amènent à des concentrations nicotiniques dans le sang, par conséquent dans le cerveau assez rapidement et ressemblent beaucoup à ce qu'on voit avec la cigarette", rappelle le tabacologue.

Mais contrairement à la cigarette, il n'y a aucun danger, assure le professeur Daniel Thomas, porte-parole de la société francophone de tabacologie. "La nicotine, ce n'est pas la substance toxique dont le tabac, c'est la substance qui rend 'accro' au tabac. Ce n'est pas la nicotine qui donne des maladies liées au tabac, ni le cancer, ni l'infarctus... Si on reste avec le produit qui vous rendait dépendant du tabac, mais qui n'est pas, lui, toxique, ce n’est pas grave".

Ivan Berlin appelle tout de même à investir dans la recherche afin de trouver de nouveaux moyens de se défaire de la consommation en nicotine. En ce 1er novembre, 126 370 Français sont déjà inscrits au "Mois sans tabac", une initiative pilotée depuis son lancement en 2016 par Santé publique France et le ministère de la Santé.

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