: Témoignage "Je n'arrivais plus à marcher" : la consommation du protoxyde d'azote au cœur d'une campagne à destination des jeunes
Les Agences régionales de Santé d'Île-de-France et des Hauts-de-France ont décidé de lancer une campagne de sensibilisation aux risques du protoxyde d'azote. Un gaz inhalé par 3% des 18 à 35 ans cette année, selon Santé publique France, et qui peut avoir des conséquences particulièrement graves Ainsi, Pierre, 24 ans, a perdu l'usage de ses jambes après une consommation répétée.
Pour lui, le gaz "hilarant", c'était quelques bombonnes le week-end avec des copains pour faire la fête et être euphorique. "J'avais conscience que ça pouvait être dangereux, mais je ne pensais pas que ça pouvait m'atteindre aussi gravement", souffle-t-il.
Jusqu'au jour où tout bascule : "Ça a commencé par des petits fourmillements et un jour, je n'arrivais plus à marcher, j'avais des vomissements et j'ai fait un malaise." Le jeune homme costaud au physique de footballeur a passé deux mois à l'hôpital, il espère remarcher normalement bientôt : "Je commence un peu à marcher sans béquille, j'arrive à parcourir 40 mètres."
Une consommation difficile à quantifier
Pierre délivre aujourd'hui un message clair à tous ceux qui, comme lui, sont tentés par un peu de "proto" en soirée : "Il ne vaut mieux pas en consommer, les effets sont éphémères, d'à peine quelques secondes. Franchement, le jeu n'en vaut pas la chandelle."
Pour éviter d’autres accidents comme celui-là, les ados et jeunes adultes sont désormais la cible d'une campagne de prévention diffusée sur les réseaux sociaux sous forme de messages vocaux. Combien de personnes consomment réellement du protoxyde d’azote ? Difficile à quantifier : des patients comme Pierre, les services d’urgence de l’hôpital de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en voient arriver plusieurs chaque mois. "C'est le haut de l'iceberg puisque la grande majorité des consommateurs de protoxyde d'azote vont mettre énormément de temps pour ressentir des effets physiques qui sont, pour nous, des signes d'alerte, mais pas pour eux forcément, comme des fourmillements, précise Joëlle Laugier, cheffe du service addictologie de l’hôpital de Saint-Denis.
"Maintenant, on commence à se rendre compte à quel point cela peut durer, voire même être irréversible dans certains cas".
Joëlle Laugierà franceinfo
Le protoxyde d’azote, souvent appelé "gaz hilarant", cela n’a donc rien de drôle : c’est le sens de la campagne de prévention lancée par les Agences régionale de Santé d’Île-de-France et des Hauts-de-France, avec, notamment des messages vocaux sur les réseaux sociaux. Le but : alerter les ados et jeunes adultes des risques, mais aussi être vigilant sur la vente de ce produit théoriquement interdit aux mineurs.
"On a testé en se créant un profil sur Snapchat d'une jeune fille en renseignant un département et un âge, précisant bien qu'elle était mineure. Et je vous assure qu'en quatre minutes seulement, en tapant 'ballon', on trouve rapidement à acheter de très grandes quantités sans que personne ne pose de question", dénonce Amélie Verdier, directrice de l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France, qui souhaite que cette campagne de sensibilisation permette de "faire sortir les chiffres" de consommation.
Toutes les informations sur les risques du protoxyde d’azote sont à retrouver dès à présent sur le site internet : parlons-proto.fr
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