Les enfants exposés aux écrans pourraient être plus à risque de troubles du langage
Télévision, console de jeux, tablette, smartphone, ordinateur… Les enfants exposés aux écrans le matin avant l’école sont trois fois plus à risque de souffrir de troubles du langage, selon une étude parue le 14 janvier 2020 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France.
Ecrans et enfants : "A long terme, on peut arriver à un problème de santé publique"
4 à 6% des enfants souffrent de troubles du langage
En France, le développement du langage des enfants est évalué en médecine scolaire à l'âge de quatre ans, selon une échelle validée par la Haute autorité de santé (HAS). Des études françaises ont montré que 4 à 6 % des enfants étaient atteints de troubles primaires du langage.
L'étude a ici porté sur 167 enfants atteints de troubles du langage et de 109 qui en étaient indemnes. Ces enfants résidaient en Ille-et-Vilaine, nés entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2012 lorsqu’ils étaient âgés de trois ans et demi à six ans et demi, tranche d'âge correspondant à la période de dépistage des troubles du langage.
Six fois plus de risque si les enfants ne discutent pas du contenu
Résultat : parmi les enfants présentant des troubles du langage (les "cas"), 44,3% étaient exposés aux écrans contre 22,0% de ceux qui en étaient indemnes (les "témoins"). "Nous avons constaté que les cas et les témoins qui étaient exposés aux écrans le matin avant l'école étaient trois fois plus à risque de développer des troubles primaires du langage", relève la docteure Manon Collet de l'université de Rennes qui a participé à l’étude.
Facteur aggravant : si en plus de cette exposition aux écrans, les enfants discutent "rarement, voire jamais", du contenu des écrans avec leurs parents, le risque de troubles du langage est alors multiplié par six.
Une attention épuisée dès le matin
Fait notable, "ce n'est pas le temps passé devant les écrans, en moyenne vingt minutes le matin, mais le moment de la journée qui a un impact", explique la docteure Collet à l’AFP. "Cela va épuiser leur attention et les rendre moins aptes aux apprentissages", ajoute-t-elle. L'étude ne peut pas prouver le lien direct de cause à effet, mais établit un lien statistique certain, renforcé par les résultats de la recherche médicale déjà publiée, poursuit la chercheuse.
Mais comment expliquer ce lien ? Des études ont montré que les jeunes enfants exposés aux écrans avaient moins d'interaction émotionnelle avec leur entourage. Des échanges qui sont pourtant nécessaires à leur développement psychomoteur, en particulier le développement du langage.
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