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Algues vertes en Bretagne : pour régler le problème, "il faudrait que les mesures soient obligatoires"

Les côtes bretonnes sont de nouveau envahies par les algues vertes. C'est même la pire saison depuis 2009. Pierre Aurousseau, le président du Conseil scientifique de l’environnement de Bretagne, était l'invité de franceinfo ce jeudi.

Article rédigé par franceinfo, Marie Bernardeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une plage de Saint-Brieuc, envahie par les algues vertes, en octobre 2014. (DAVID ADEMAS / MAXPPP)

Les côtes de Bretagne sont de nouveau envahies par les algues vertes. Le littoral breton enregistre le pire début de saison depuis 2009. Malgré un plan de lutte mis en place ces cinq dernières années contre les algues vertes, les collectivités en ramassent entre 30 000 et 70 000 tonnes chaque année sur les plages. Cette algue ultra-toxique fait fuir les touristes.

Pierre Aurousseau, professeur à Agrocampus Ouest à Rennes et président du Conseil scientifique de l’environnement de Bretagne (CSEB) était l'invité de franceinfo, jeudi 27 avril.

franceinfo : Le plan prévoyait 114 millions d'euros, mais seul un quart a été utilisé. Pourquoi ?

Pierre Aurousseau : Il y a plusieurs raisons. On a du mal à faire accepter certaines mesures. L'engagement des agriculteurs n'est pas total. Il y a des actions pour lesquels ils doivent se déclarer volontaires. Mais il faut être objectif. On constate depuis le début des années 2000, une amélioration de la qualité des eaux dans la plupart des bassins versants de Bretagne. Mais elle n'est pas attribuable au plan algues vertes puisqu'il a commencé en 2010, elle est attribuable à d'autres plans antérieurs comme l'application de la directive nitrates ou le plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole. On n'a pas observé d'accélération de l'amélioration dans les bassins versants à algues vertes. Pour bien faire, il faudrait que les mesures soient généralisées et obligatoires. Il faut un engagement individuel des agriculteurs.

Cela veut dire que ce plan, qui a été conduit pendant 5 ans entre 2011 et 2016, n'est pas efficace ou n'est pas encore efficace ?

Un certain nombre de scientifiques qui étaient dans le conseil scientifique de ce plan algues vertes avait rédigé un rapport de synthèse dont le titre était "Des algues vertes pour longtemps ?". C'est-à-dire que nous considérions, à la fin du premier plan algues vertes, qu'il ne permettrait pas de régler rapidement ce problème. On aurait pu écrire "Des algues vertes pour longtemps !". 

À quoi sont dûs ces échouages massifs ?

Ils sont dûs à plusieurs conditions favorables. On a des conditions météorologiques avec un ensoleillement assez important depuis un certain nombre de semaines. Et puis, l'année dernière a été une année peu arrosée, c'est-à-dire qu'il y a eu peu de pluies donc pas beaucoup d'eau pour lessiver les nitrates dans les sols. Donc, il y a eu un phénomène de stockage d'une partie des nitrates. Et, avec les pluies que nous avons eues, en particulier en février, on a observé une augmentation importante des concentrations. On est remonté en concentration à des niveaux qu'on n'avait pas vus depuis des années.

À quel endroit ce phénomène est-il le plus présent ?

Selon les témoignages, il y a des algues vertes importantes en baie de Douarnenez, en baie de Lannion, en baie de Saint-Brieuc. Il y aussi un autre phénomène, dû aux nitrates dans l'estuaire de la Vilaine et dans l'estuaire de la Loire, ce sont des eaux colorées. Des eaux de mers colorées par du phytoplancton présent en grande quantité. C'est une autre conséquence des apports importants de nitrate dans les eaux littorales.

Ces nitrates sont présents dans les parcelles cultivées. Est-ce l'agriculture qui est en partie responsable ?

C'est toujours l'agriculture. Selon les bassins versants la responsabilité de l'agriculture varie. Mais, en gros, elle est autour de 95%.

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