Ces anciennes mines qui polluent les Cévennes
C'est un petit coin de paradis... dans le Sud de la France, aux portes des Cévennes. Manuel Gomes a décidé de s'y installer avec son épouse il y a près de quarante ans. Mais un jour, il réalise des travaux dans son jardin et fait une réaction surprenante : "la peau s’est mise à me brûler d'un seul coup sans explication, donc je pensais que c'était la poussière, je suis allé prendre une douche, c'était pire… La douleur était telle que je suis allé prendre un rendez-vous chez un dermato", raconte-t-il.
Depuis, Manuel Gomes pense avoir trouvé les raisons de cette allergie. Sa maison se situe à quelques kilomètres à peine de deux anciennes mines de zinc et de plomb : La Vieille Montagne et la mine Joseph. Deux mines de plomb et de zinc à l’arrêt depuis les années 1970. Malgré certains travaux de dépollution, elles auraient engendré une contamination environnementale durable par la circulation des poussières et par l'eau.
Johnny Bowie est le premier à avoir lancé l'alerte il y a plusieurs années. "On vit dans un des plus beaux paysage de France mais aussi sur l'une des terres les plus pourries d'Europe", affirme-t-il. Des taux anormaux de métaux (arsenic, plomb et cadmium) ont été décelés sur des riverains vivant à proximité des anciennes mines. Attesté par des experts en 2008, la pollution a longtemps été dissimulée aux 2.850 habitants concernés et pourtant les conséquences sanitaires peuvent être importantes.
"Ces métaux dits lourds se stockent dans les reins, il peut y avoir des troubles rénaux, des néphrites, qui peuvent par exemple amener de l’'ypertension. La deuxième cible est le système nerveux central notamment pour le plomb. Cela concerne surtout les femmes enceintes et les bébés et cela peut mener à des retards scolaires", estime André Picot, toxi-chimiste.
Fin 2015, l'Agence Régionale de Santé (ARS) propose aux habitants de réaliser des tests sanguins et d'urine. Objectif : évaluer leur teneur en plomb, cadmium et arsenic. Sur 675 volontaires, quarante-six présentent des taux si élevés qu’ils sont invités à prendre rapidement contact avec leur médecin. Mais l'ARS se veut rassurante.
"Nous n’avons pas de gros problèmes majeurs immédiats. Nous sommes dans des doses faibles par rapport à des doses toxiques habituelles qu’on rencontre dans les maladies professionnelles ou pour des intoxications aiguës. Ce sont des choses que l’on connaît moins bien sur le long terme et c’est beaucoup plus difficile de prédire si des maladies vont apparaître et en combien de temps", déclare Dr Béatrice Sénémaud, médecin de santé publique à l’ARS Languedoc Roussillon Midi-Pyrénées.
Quarante-trois personnes et deux associations ont porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d’autrui". Les plaignants estiment que les populations locales comme les touristes ont été laissés dans l’ignorance des dangers encourus.
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