Climat : les coraux sont quasiment condamnés, selon une nouvelle étude
Même en respectant l'accord de Paris, qui prévoit de limiter le réchauffement à 1,5°C, plus de 99% d'entre eux n'auraient pas suffisamment de temps pour "récupérer" entre deux vagues de chaleur.
Les récifs coralliens nécessaires sont très probablement condamnés à disparaître en raison du réchauffement climatique, selon une étude publiée mardi 1er février, même si les objectifs de l'accord de Paris sont respectés. Avec une hausse de la température moyenne de 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, plus de 99% des coraux seraient incapables de se remettre des vagues de chaleur marines de plus en plus fréquentes, estime l'étude publiée dans la revue PLOS Climate (en anglais).
Et avec un réchauffement de +2°C, leur mortalité serait de 100%, selon les chercheurs qui ont utilisé une toute nouvelle génération de modèles climatiques analysant les océans à une résolution d'un kilomètre carré. "La dure réalité est qu'il n'y a pas de seuil de réchauffement sans danger pour les récifs coralliens", commente l'auteure principale Adele Dixon, de l'université de Leeds. Or ces structures naturelles abritent un quart de la vie marine.
Des vagues de chaleur marine trop fréquentes
Dans un rapport précédent de 2018, le Giec prédisait la disparition de 70 à 90% des coraux à +1,5°C, et 99% à +2°C. Mais "nos recherches montrent que les coraux dans le monde entier seront encore plus menacés par le changement climatique que nous le pensions", souligne Adele Dixon. Après un épisode de blanchissement lié à l'augmentation de la température de l'eau, les récifs ont en général besoin d'au moins dix ans pour s'en remettre, si tous les autres facteurs (qualité de l'eau par exemple) sont "optimaux", note Maria Berger, autre auteure de l'étude. Le réchauffement multiplie les vagues de chaleur marine et rend impossible ce temps de récupération.
L'accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement bien en deçà de +2°C, si possible +1,5°C. "Même 1,5°C est un réchauffement trop important pour les écosystèmes en première ligne face au réchauffement", explique Adele Dixon à l'AFP. Face à la multiplication des canicules, tempêtes et inondations sur une planète qui a gagné pour l'instant environ 1,1°C, le seuil de +1,5°C est de facto devenu l'objectif principal. Mais il pourrait déjà être atteint autour de 2030, selon le dernier rapport des experts climat de l'ONU (Giec).
En raison du réchauffement et de la pollution, 14% des coraux ont disparu entre 2009 et 2018, transformant les paysages sous-marins vibrants de couleurs et de vie en des cimetières de squelettes blanchis, selon de récentes recherches. La Grande Barrière de corail australienne a subi cinq épisodes majeurs de blanchissement ces 25 dernières années. Selon une étude d'experts de l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA), pas encore publiée mais obtenue par l'AFP, la Grande Barrière a été victime en novembre et décembre d'une nouvelle vague de chaleur sans précédent.
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