L'Assemblée maintient l'huile de palme sur la liste des biocarburants jusqu'en 2026
En plein examen du budget 2020, les députés ont soutenu jeudi une mesure défendue par des élus MoDem, LREM et LR des Bouches-du-Rhône. Cette décision rend furieuses les associations écologistes.
L'huile de palme restera finalement dans la liste des biocarburants. En plein examen du budget 2020, les députés ont voté sans débat, jeudi 14 novembre, un report à 2026 de l'effacement de l'huile de palme de la liste des biocarburants. Une décision aussitôt dénoncée par les associations écologistes, qui fustigent "le lobbying éhonté de Total".
L'Assemblée avait pourtant voté l'an dernier l'exclusion de l'huile de palme des biocarburants, qui bénéficient d'un régime fiscal favorable. Total produit actuellement du carburant à base d'huile de palme dans la nouvelle bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), près de Marseille.
"Ça a été voté en catimini, c'est scandaleux"
L'amendement, qui a reçu un avis favorable du gouvernement et défavorable du rapporteur général Joël Giraud (LREM), n'a pas été défendu au micro en séance et n'a pas fait l'objet du moindre débat. Les députés signataires expliquent dans leur amendement vouloir "laisser une période transitoire suffisante de stabilité fiscale et réglementaire aux acteurs économiques français, (...) dans un calendrier (de sortie) deux fois plus rapide que celui proposé par l'Union européenne".
Ce vote a suscité la colère des Amis de la Terre. Selon cette association écologiste, "les députés de la majorité, avec la complicité du gouvernement, viennent de céder au lobbying éhonté de Total" et de faire un "cadeau fiscal évalué entre 70 et 80 millions d'euros". "Ça a été voté en catimini, c'est scandaleux. J'imagine que Total va sabrer le champagne ce soir", a réagi auprès de l'AFP le député Matthieu Orphelin (ex-LREM), proche de Nicolas Hulot.
"Convaincre de sortir plus tôt de l'huile de palme"
Total renvoie de son côté aux déclarations de son PDG Patrick Pouyanné dans Le Journal du dimanche fin octobre, qui veut "juste être au même niveau de compétition que nos concurrents européens qui, contrairement à nous, bénéficient d'un avantage fiscal jusqu'en 2030". "Une solution gagnant-gagnant serait que la France arrive à convaincre ses partenaires européens de sortir plus tôt de l'huile de palme, par exemple dans cinq ans, en 2026, et non en 2030. (...) L'enjeu de Total, ce n'est pas l'huile de palme, puisque l'usine de La Mède peut fonctionner avec des huiles de colza ou de tournesol", assurait le dirigeant.
Selon le groupe pétrolier, la raffinerie doit traiter 650 000 tonnes d'huiles et graisses par an et s'approvisionner en huile de palme "durable et certifiée" à hauteur de 300 000 tonnes au maximum.
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