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Les déchets enfouis de la Stocamine ne seront pas destockés : les associations dénoncent "la pollution à petit feu de la plus grande nappe phréatique d'Europe"

Les associations environnementales critiquent la décision du gouvernement de ne pas extraire les déchets toxiques toujours enfouis dans la décharge de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin), en Alsace.

Article rédigé par Anne-Laure Barral - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une alvéole, contenant des déchets, prête pour la fermeture définitive du chantier de déstockage de déchets ultimes à Stocamine, à 535 mètres sous terre, dans une ancienne mine de potasse, à Wittelsheim (Haut-Rhin), le 31 octobre 2017. (THIERRY GACHON / MAXPPP)

Après 17 ans d'hésitation, l'État a finalement renoncé à aller chercher les déchets dangereux enfouis dans le site de Stocamine, sur la commune de Wittelsheim (Haut-Rhin), en Alsace. C'est ce qu'a reconnu le ministère de l'Environnement dans un document officiel communiqué par la préfecture du Haut-Rhin, lundi 21 janvier. Une décision qui ne satisfait pas certains élus locaux, ni les associations environnementales.

C'est le cas de l'association Alsace nature, qui a pourtant alerté pendant des années sur cette mauvaise idée d'enfouir des déchets hautement toxiques à plus de 500 mètres sous terre. Depuis le grave incendie de 2002 qui a condamné le site, avec au fond ces 40 000 tonnes d'arsenic, d'amiante, de cyanure, elle plaide pour aller les récupérer. Aujourd'hui, l'administrateur d'Alsace nature, Arnaud Schwatz, est écœuré par ce courrier du ministère de l'Environnement : "La décision actuelle n'est pas acceptable, parce qu'elle acte la pollution à petit feu de la plus grande nappe phréatique d'Europe. On ne peut pas accepter ça, alors que techniquement, on a les moyens et que financièrement, ce sont des choses qui doivent être couvertes par les responsables de ce problème."

L'abandon d'un déstockage complexe

Pour le ministère, cette décision est au contraire pragmatique, face aux risques d'effondrement de la galerie, aux conditions de travail des mineurs et aux moyens techniques inédits à mobiliser. Il s'est d'ailleurs basé sur un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui montre que le déstockage des déchets est "techniquement faisable", mais demeure complexe et nécessiterait l'emploi des "techniques les plus pointues au niveau mondial". "La technique préconisée était déjà d'équiper les ouvriers avec des scaphandres et ensuite d'automatiser au maximum le processus d'extraction", explique Michèle Rousseau, la présidente du BRGM. Autre élément pointé dans l'étude, les risques de pollution : "On a dit 'si on laisse les déchets dans la mine, dans 600 à 1 000 ans, il pourrait y avoir un suintement dans la nappe d'Alsace."

Ce rapport du BRGM est donc double : laisser les déchets représente un risque de pollution dans la nappe de certains déchets liquides et coûterait 80 millions d'euros de travaux pour le confinement. Mais enlever les déchets représente des risques d'accidents du travail, une mobilisation d'engins inédite et coûterait entre 300 et 400 millions d'euros.

Aujourd'hui, les associations ne veulent pas en rester là et comptent bien rappeler aussi la leçon de Stocamine au moment où se décide le site de Bure, qui prévoit d'enfouir aussi, à 500 mètres sous terre, nos déchets radioactifs les plus dangereux.

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