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Patrons de l'énergie réunis à l'Élysée : "Un tête-à-tête qui risque" de nous faire "replonger dans un ancien modèle"

Célia Gautier, responsable climat-énergie au sein de la Fondation pour la nature et l'homme, estime regrettable l'absence d'ONG à une réunion de travail sensée préparer l'avenir énergétique de la France. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Emmanuel Macron sur le perron de l'Élysée, le 15 mai 2018.  (LUDOVIC MARIN / POOL)

Emmanuel Macron réunit mercredi 24 octobre une trentaine d'entreprises (Total, EDF ou encore Vinci) et organismes de recherches pour les mobiliser sur les questions énergétiques, à quelques semaines de la présentation de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), véritable feuille de route de l'État pour les dix prochaines années. Cette "séance de travail" est dénoncée par plusieurs ONG qui regrettent de ne pas y être associées.

La Fondation pour la nature et l'homme organise ainsi un évènement mercredi après-midi à proximité de l'Élysée, en espérant "attirer l'attention du président de la République", a expliqué sur franceinfo Célia Gautier, responsable climat-énergie au sein de la Fondation créée en 1990 par Nicolas Hulot. Selon elle, ce "tête-à-tête" entre Emmanuel Macron et les patrons de l'énergie risque de nous faire "replonger dans un ancien modèle".

franceinfo : Qu'est-ce qui vous dérange dans ce rendez-vous qui se tient mercredi à l'Elysée ?

Célia Gautier : Emmanuel Macron va prendre dans les prochains jours des décisions absolument structurantes pour l'avenir énergétique de la France : comment nous allons nous chauffer, nous déplacer, nous éclairer... Et cette feuille de route, la PPE [programmation pluriannuelle de l'énergie], est vraiment un outil essentiel dans la lutte contre le changement climatique pour la France. C'est une manière pour nous de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de nous placer dans le droit chemin des alertes scientifiques. La moindre des choses, c'est que les acteurs qui œuvrent au quotidien pour que la transition énergétique soit possible dans les territoires, auprès des citoyens, les ONG, puissent également être entendus. Nous avons fait énormément de propositions pour que cette PPE soit ambitieuse et qu'elle nous permette de faire des énergies renouvelables la clé de voûte de notre système énergétique et, pour l'instant, nous ne sommes ni entendus ni écoutés.

C'est une réunion de pro-nucléaires qui se tient à l'Elysée, selon vous ?

Non, pas nécessairement. Il y a des gens qui vont défendre le nucléaire, d'autres qui vont sans doute défendre les énergies fossiles, et puis d'autres qui vont probablement défendre la transition énergétique. Simplement, ces acteurs ne représentent pas tous les points de vue (…) Il faut bien comprendre que la France a une relation historique et toxique avec des énergies qui sont aujourd'hui les énergies du passé, comme le nucléaire et les énergies fossiles. Ces énergies sont coûteuses, polluantes et dangereuses. Cette relation doit évoluer dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Mais, évidemment, c'est difficile d'en sortir. Et le risque, c'est qu'en organisant ce rendez-vous en tête-à-tête, le président de la République nous fasse replonger dans un ancien modèle plutôt que de tourner la page des énergies du passé.

À aucun moment vous n'avez été conviés ?

Nous avons fait des demandes auprès du président de la République d'être reçus et nous ne l'avons pas été. (...) Est-ce que Emmanuel Macron a envie de faire encore moins bien que ses prédécesseurs, c'est-à-dire rester dans le statu quo énergétique, ou est-ce que vraiment il va doter la France des moyens de bâtir son avenir énergétique ? C'est ce qui se joue sans doute aujourd'hui à cette réunion des PDG et dans les prochains jours, et nous espérons qu'il entendra nos demandes.

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