: Témoignage franceinfo Évacuation musclée à Paris : "On a pris la meilleure solution" pour "ne pas provoquer de blessures", assure un CRS
L'un des CRS qui a participé à l'évacuation musclée d'une manifestation, vendredi 28 juin à Paris, témoigne sur franceinfo pour mettre fin à la polémique.
"L'intervention était inévitable", a assuré mardi 2 juillet sur franceinfo un CRS appartenant à l'une des compagnies qui ont procédé à l'évacuation musclée d'une manifestation écologiste sur le pont de Sully à Paris vendredi 28 juin, alors qu'une enquête a été confiée à la police des polices.
"Deux manifestants se sont déclarés comme interlocuteurs du mouvement, raconte le CRS Sylvain (le prénom a été modifié). Le commissaire leur a demandé d'essayer de convaincre les manifestants situés à l'entrée du pont" de partir car "ce sit-in était illégal, la déclaration préalable n'ayant pas été faite".
Les ordres sont tombés de la préfecture, qui a demandé de libérer le pont
Sylvain, CRSà franceinfo
"Il y a encore eu des discussions et le fait est que ça n'a mené à rien, poursuit le policier.(...). Nous avons tenté de prendre les manifestants par les pieds, par les mains, pour essayer de les dégager sur les trottoirs mais ils se sont reformés plus loin. Et là, le commissaire en a rendu compte à la préfecture de police, et la préfecture de police a dit 'bon, vous me dégagez ce pont'".
Pas de coups portés par les CRS
"Inévitablement, comment on réagit ? Comment on fait cesser ça ? On a pris la meilleure solution", évoquant l'usage de gaz lacrymogènes pratiquement à bout portant sur les manifestants. "Aucun coup n'a été porté. On a un peu les yeux irrités et c'est terminé", assure le CRS. On aurait pu utiliser "nettement plus de force au niveau des tonfas [sorte de matraque avec un manche], mais là ça risquait de faire des blessures donc il n'en était pas question."
Alors que la polémique enfle, et que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a demandé un rapport au préfet de police, Sylvain dit avoir un "sentiment d'écœurement, parce qu'on a agi de manière humaine. On a utilisé les moyens nécessaires pour ne pas provoquer de blessures, et là on fait la chasse aux sorcières, et ça va retomber sur nous (...). On ne fait que notre boulot en suivant les ordres, et qui est le fusible ? Ce sera toujours nous. Donc il y en a marre."
Une situation qui devient "insupportable"
"Si on nous forme, et qu'au moment d'utiliser cette formation, tous ceux qui sont dans les bureaux et qui donnent des ordres ne sont jamais embêtés, et c'est toujours ceux qui sont sur le terrain qui sont embêtés, là ça commence à devenir insupportable", raconte le CRS.
"Les prochaines manifestations on fait quoi ? On ne fait plus rien ?", s'interroge-t-il. "On a montré notre intégrité vis-à-vis des 'gilets jaunes' depuis X mois, on a montré nos possibilités, on était là, on était fatigués, mais on est restés là. Ca se calme un peu [du côté des 'gilets jaunes'] donc on va chercher autre chose", déplore Sylvain.
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