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Trois choses à retenir du rapport de la Banque mondiale sur la mauvaise qualité de l'eau dans de nombreux pays

L'institution internationale a mis en ligne, mardi, un rapport particulièrement alarmant. Elle souligne notamment que le problème de la pollution de l'eau touche à la fois les pays riches et les pays pauvres.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des hommes ramassent des ordures dans la baie de Lampung, le 21 février 2019, en Indonésie. (PERDIANSYAH / AFP)

C'est "une crise invisible", sous-estimée par les pouvoirs publics. Dans un rapport publié mardi 20 août, la Banque mondiale, dont le siège est à Washington (Etats-Unis), met en garde contre la dégradation de la qualité de l'eau potable dans de nombreux pays. Son président, David Malpass, a appelé les gouvernements "à prendre des mesures urgentes pour s'attaquer à la pollution de l'eau afin que les pays puissent croître plus vite d'une façon plus durable et équitable".

Franceinfo vous explique ce qu'il faut retenir de ce rapport.

Les nitrates issus de l'agriculture parmi les principaux polluants

Parmi les polluants les plus répandus et les plus dangereux, le rapport cite l'azote qui, utilisé dans les fertilisants pour l'agriculture, se répand dans les rivières, les lacs et les océans, se transformant en nitrates. Ceux-ci sont responsables d'une destruction de l'oxygène dans l'eau (hypoxie) et de l'apparition de zones mortes.

Les dépôts d'azote oxydé peuvent être fatals aux enfants, affirme le rapport. Il cite en exemple le cas du syndrome du bébé bleu, où trop de nitrates ingérés via l'eau potable entraîne un manque d'oxygène dans le sang. Une étude menée dans 33 pays en Afrique, en Inde et au Vietnam a montré que les enfants exposés à de hauts niveaux de nitrates pendant leurs trois premières années grandissaient moins. "Une interprétation de ces conclusions suggère que les subventions pour financer les engrais entraînent des dommages pour la santé humaine qui sont aussi grands, peut-être même plus grands, que les bénéfices qu'ils apportent à l'agriculture", ajoute le rapport.

Des inquiétudes sur le sel et les micro-plastiques

La salinité des eaux dans les zones côtières de faible altitude, sur des terres irriguées et en zone urbaine a aussi des impacts nocifs pour la santé, notamment celle des enfants et des femmes enceintes. Le problème est particulièrement aigu au Bangladesh, un pays de 160 millions d'habitants où 20% de la mortalité infantile dans les régions côtières est attribuée à l'eau salée.

La pollution par les microplastiques est aussi détectée désormais dans 80% des sources naturelles, 81% des eaux du robinet municipales et dans 93% des eaux embouteillées, relève encore la Banque mondiale. Elle regrette qu'on ne dispose pas encore de suffisamment d'informations pour déterminer le seuil à partir duquel ces polluants sont inquiétants pour la santé. 

Au rang des polluants dangereux figurent aussi les métaux lourds comme l'arsenic qui contamine les eaux de régions où il y a une activité minière, comme au Bengale (Inde), dans le nord du Chili et en Argentine.

Tous les pays sont concernés

Pays riches comme pays pauvres subissent de hauts niveaux de pollution de l'eau, rappelle le rapport publié mardi, intitulé "Qualité inconnue" : "Il est clair que le statut de pays à haut revenu n'immunise pas contre des problèmes de qualité de l'eau", note le document. "Non seulement une diminution de la pollution ne va pas de pair avec la croissance économique, mais l'éventail de polluants tend à augmenter avec la prospérité d'un pays", note le document. Ainsi, aux Etats-Unis, un millier de nouveaux produits chimiques sont déversés dans l'environnement chaque année, soit trois nouveaux types de produits chaque jour.

Il rappelle que plus de 80% des eaux usées dans le monde – 95% dans certains pays en développement – sont déversées dans l'environnement sans être traitées. "Peu de pays en développement surveillent correctement la qualité de l'eau", déplorent aussi les auteurs. La Banque mondiale estime qu'il y a "un besoin urgent pour d'importants investissements dans des usines de traitement des eaux, spécialement dans les régions très peuplées". L'institution internationale appelle, dans ce rapport, à mieux savoir mesurer la qualité de l'eau dans le monde et à ce que cette information soit systématiquement diffusée au public. "Les citoyens ne peuvent pas agir s'ils ne sont pas informés de la situation", dit le rapport.

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