Grève du 24 décembre du Samu 93 : "Il va y en avoir d'autres. C'est inéluctable"
"Les pouvoirs publics nous ont un peu laissé tomber", déplore l'urgentiste Patrick Pelloux. Les agents du Samu de Seine-Saint-Denis ont déposé un préavis de grève pour lundi 24 décembre.
Les agents du Samu de Seine-Saint-Denis ont déposé un préavis de grève pour lundi 24 décembre. Ils dénoncent un manque de personnel qui ne permet plus de répondre correctement aux appels passés au 15. "Je pense qu'il va y en avoir d'autres. C'est inéluctable", a déclaré dimanche 23 décembre sur franceinfo Patrick Pelloux, urgentiste. "Les pouvoirs publics nous ont un peu laissé tomber."
franceinfo : Ce problème vous surprend-il ?
Patrick Pelloux : Pas du tout, ce sont des conditions que l'on voit dans quasiment tous les Samu dans les grandes agglomérations en France. Nous sommes avec un problème majeur. La structuration et l'organisation des Samu qui remontent aux années 70 avaient été pensées pour gérer les urgences. Il y avait quelques millions d'appels et aujourd'hui nous sommes à près de 30 millions d'appels par an. Les choses ont évolué mais la structuration, l'organisation, n'ont pas changé. Cela pose de vrais problèmes parce qu'il y a des exigences scientifiques, médicales, de dire qu'il faut qu'on réponde aux appels en une minute, mais on n'y arrive pas. Donc, il y a un ras-le-bol des personnels et des permanenciers. La Seine-Saint-Denis est le premier Samu où ils se mettent en grève, mais je pense qu'il va y en avoir d'autres. C'est inéluctable.
La Seine-Saint-Denis compte plus d'1,5 million d'habitants. Le Samu reçoit 700 000 appels chaque année. Est-ce beaucoup ?
C'est important et puis c'est la Seine-Saint-Denis. C'est un département qui est frappé par la crise sociale de manière très forte, donc les gens appellent beaucoup le Samu et l'aide est importante parce que c'est le socle de la République. Les gens ont besoin qu'on les aide et que la santé soit maintenue avec un haut niveau de qualité. Le Samu 93 fait un boulot considérable et très important, mais le ras-le-bol des personnels est très important. Tout le monde téléphone pour un oui, pour un non, pour avoir un simple conseil et dans ce flot massif d'appels il faut déterminer quel est le malade le plus urgent et quel est celui qui aura l'envoi de secours immédiat.
En cas d'appel urgent, notamment pour un arrêt cardiaque, le temps de réponse est-il important pour le malade ?
Cela ne pardonne pas. Si vous mettez six minutes pour joindre un permanencier, le temps qu'il prenne les coordonnées, qu'il envoie les secours et qu'ils arrivent, on dépasse les fameuses 3 minutes qui sont les 3 minutes tolérables pour ne pas avoir de conséquences dramatiques après un arrêt cardiaque. Il y aura toujours des morts, on en a conscience, mais de là à laisser traîner une organisation qui fait qu'on n'a pas suffisamment de moyens pour remplir nos missions de service public, ce n'est pas possible. Les pouvoirs publics nous ont un peu laissé tomber.
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