Fausse couche : une femme sur six souffre de stress post-traumatique
Les fausses couches, des événements déclencheurs de stress post-traumatique ? C’est le cas pour une femme sur trois un mois après la perte de grossesse et pour une femme sur six après neuf mois, selon une étude réunissant des chercheurs belges et britanniques. Ces travaux, publiés en décembre 2019 dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, alertent sur le besoin de renforcer la prise en charge psychologique des femmes après une fausse couche.
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Fausse couche ou grossesse extra-utérine
Pour cette étude, des chercheurs de l’Imperial College London (Royaume-Uni) et de l’université KU Leuven (Belgique) ont recruté 650 femmes qui avaient vécu soit une fausse couche précoce (survenue au cours du premier trimestre de la grossesse) soit une grossesse extra-utérine (qui se développe en dehors de l’utérus et qui n’est donc pas viable).
Ils leur ont alors demandé de remplir un questionnaire portant sur leurs émotions et leurs comportements un mois après la perte de grossesse puis à nouveau trois et neuf mois après. Les réponses ont été comparées à celles de 171 femmes qui avaient vécu des grossesses viables.
Cauchemars, flash-backs, pensées incontrôlables
Résultats : un mois après la perte de grossesse, près d’un tiers des femmes (29%) souffraient de stress post-traumatique, un quart (24%) présentaient de l’anxiété et une femme sur 10 souffrait de dépression.
Neuf mois plus tard, 18% des femmes exprimaient toujours des symptômes de stress-post-traumatique, 17% de l’anxiété et 6% une dépression.
Concrètement, les symptômes les plus fréquemment décrits par ces femmes sont ceux de revivre les sensations associées à la perte de grossesse, les pensées incontrôlables sur leur fausse couche, les cauchemars et les flash-backs mais aussi l’évitement de tout ce qui peut leur évoquer la perte de grossesse.
"L'événement le plus traumatisant de leur vie"
Pour le professeur Tom Bourne, co-auteur de l’étude qui s’exprime dans un communiqué de l’Imperial College London, "la perte de grossesse affecte jusqu'à une femme sur deux, et pour de nombreuses femmes, ce sera l'événement le plus traumatisant de leur vie".
Pour que cela change, les chercheurs alertent sur la nécessité d’amélioration des soins et du suivi de ces femmes, avec la mise en place d’un traitement plus axé sur l'impact psychologique et l’ouverture de la parole. Il est selon eux également nécessaire de mettre en place un traitement contre le stress post-traumatique si cela est nécessaire : "nous devons envisager de dépister les femmes après une perte de grossesse précoce afin de pouvoir identifier celles qui ont le plus besoin d'aide" précise le professeur Bourne.
Trop de femmes souffrent en silence
Une aussi grande proportion de femmes touchées fait craindre aux auteurs que de nombreuses femmes souffrent en silence. Et comme le rappelle la docteure Jessica Farren, co-autrice de l’étude, dans le communiqué de l’Imperial College : "Le stress post-traumatique peut avoir un effet toxique sur tous les éléments de la vie d’une personne, affectant son travail, son foyer et ses relations."
Elle déplore aujourd’hui le tabou qui persiste autour des pertes de grossesse précoces : "de nombreuses femmes ne disent pas à leurs collègues, à leurs amis ou à leur famille qu’elles sont enceintes avant l'examen des 12 semaines, ce qui les empêche de se confier en cas de perte de grossesse."
Mais cet événement traumatique ne touche pas que le femme : "nous savons également que les partenaires peuvent souffrir de détresse psychologique à la suite d'une fausse couche ou d'une grossesse extra-utérine." Une piste que les chercheurs souhaitent aussi creuser dans de prochains travaux.
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