AccĂšs Ă l'IVG : encore trop de freins
A l'occasion du 42e anniversaire de la loi Veil du 17 janvier 1975, qui a lĂ©galisĂ© l'interruption volontaire de grossesse (IVG), le Haut Conseil Ă l'Ă©galitĂ© entre les hommes et les femmes (HCE) a rĂ©alisĂ© un bilan de recommandations qu'il avait formulĂ©es en 2013. Sur 35 recommandations, 26 ont Ă©tĂ© mises en Ćuvre totalement ou partiellement, et neuf sont restĂ©es sans suite, constate-t-il.
Notamment, la clause de conscience des médecins spécifique à l'IVG, qui selon le HCE fait double-emploi avec leur clause de conscience pour l'ensemble des actes médicaux, n'a pas été supprimée.
"Tout mĂ©decin, en dehors du cadre de lâurgence, peut refuser de pratiquer un acte pour des raisons personnelles et professionnelles", prĂ©cise Dr Philippe Faucher, gynĂ©cologue-obstĂ©tricien, interrogĂ©e par la rĂ©daction du Magazine de la santĂ©. "Pour la clause de conscience spĂ©cifique Ă lâIVG, c'est la mĂȘme chose, mais appliquĂ© Ă lâavortement : un mĂ©decin peut refuser de pratiquer une IVG. Cela porte encore un coup de projecteur sur lâavortement, comme un acte Ă part de tous les autres actes de soin."
En dix ans, plus de 130 centres IVG ont été fermés
Le HCE souhaite également le "développement de l'offre de proximité", en accordant aux Centres de planification et d'éducation familiale (CPEF) et aux maisons médicales pluridisciplinaires la possibilité de pratiquer des IVG par aspiration. Il demande "un moratoire" sur la fermeture des centres IVG, plus de 130 ont été fermés entre 2001 et 2011.
Il souhaite Ă©galement que les enquĂȘtes de "testings" annoncĂ©es le 28 septembre 2016 par la ministre de la SantĂ©, Marisol Touraine, pour Ă©valuer les dĂ©lais de recours Ă l'IVG, le niveau de l'information dĂ©livrĂ©e et l'accueil rĂ©servĂ©, soient effectivement rĂ©alisĂ©es.
Enfin, il prĂ©conise dâamĂ©liorer la formation des professionnels de santĂ©. Or aujourd'hui encore, il y a beaucoup Ă faire, car l'orthogĂ©nie (ndlr : l'ensemble des mĂ©thodes mĂ©dicales destinĂ©es Ă planifier ou contrĂŽler les naissances) n'est pas ou peu enseignĂ©e dans les facultĂ©s de mĂ©decine.Â
"Lorsque l'on souhaite devenir gynĂ©cologue-obstĂ©tricien, seulement une toute petite part de la formation est consacrĂ©e Ă l'orthogĂ©nie. Il doit y avoir une ou deux heures sur la contraception et une heure sur lâavortement. Câest vraiment minuscule. Les internes qui passent en gynĂ©cologie obstĂ©trique passent dans les salles dâopĂ©ration, mais jamais dans les centres de planning familial. Ils ne voient mĂȘme pas lâintĂ©rĂȘt que ça peut avoir sur le plan humain, la richesse de ces consultations... Pour eux les avortements câest Ă part dans un coin", dĂ©plore le Dr Philippe Faucher.
Des recommandations majoritairement suivies
Parmi les recommandations qui ont Ă©tĂ© mises en Ćuvre, il se fĂ©licite que la notion de dĂ©tresse comme condition de recours Ă l'IVG ait Ă©tĂ© supprimĂ©e.
L'entrée dans le "parcours" IVG a également été simplifiée par la suppression du délai de réflexion de sept jours entre les deux premiÚres consultations.
Le site officiel Ivg.gouv.fr, lancé en 2013, a été "amélioré" en janvier 2016 afin de "garantir une information fiable à toutes les femmes", et un numéro d'information anonyme et gratuit (0800 08 11 11) a été lancé en septembre 2015.
Concernant l'offre de proximitĂ©, les sages-femmes peuvent dĂ©sormais rĂ©aliser des IVG mĂ©dicamenteuses et les centres de santĂ©, des IVG par aspiration.Â
DerniÚre initiative en date, l'extension du délit d'entrave à l'IVG aux sites internet pratiquant la désinformation est en cours d'examen au Parlement.
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