Le stress diminue-t-il les chances de tomber enceinte ?
Le stress ressenti d’une femme à un moment ou un autre de son cycle menstruel peut-il diminuer sa fertilité ? Les récits de femmes jugées infertiles, tombant enceintes peu de temps après avoir adopté, de même que l’efficacité alléguée des thérapies de réduction du stress en amont de FIV, viennent à l’appui de cette hypothèse... Toutefois, peu d’études épidémiologiques ont été menées pour trancher la question. Leurs conclusions sont, en outre, tantôt en faveur de cette hypothèse [1], tantôt en défaveur [2].
De nouveaux travaux, publiés dans la revue Annals of Epidemiology, apportent leur contribution à ce débat, en étudiant les éventuels effets du stress ressenti par les femmes à différents moments de leur cycle sur leur fécondité (Le stress avant l'ovulation réduit-il les chances de grossesse ? Le stress après la période d’ovulation réduit-il les chances d’implantation de l’embryon dans la muqueuse utérine ?).
Les chercheurs ont ainsi recruté 400 femmes ne prenant pas de traitement contraceptif, leur demandant de renseigner au jour le jour leur état de stress ressenti. Au terme de vingt mois (ou moins, en cas de grossesse), les femmes renvoyaient le document pour analyse. À l’issue de l’expérience étaient survenues 139 grossesses.
L’étude statistique des résultats (incorporant des facteurs importants tels que l’intention ou non d’avoir un enfant, le niveau de tabagisme, de consommation d’alcool, l’indice de masse corporelle… et le fait d’avoir ou non des relations sexuelles durant la période d’ovulation [3] !) n’a permis d’établir aucun lien significatif concernant l’effet sur la fertilité d’un stress survenu avant l’ovulation.
En revanche, les données collectées mettent en lumière un effet si ce stress a lieu pendant la période d’ovulation. Dans le groupe étudié, la probabilité de tomber enceinte était 46% inférieure si les participantes s’estimaient stressées durant cette période de leur cycle. En tenant compte de la marge d’erreur liée à la petite taille du groupe étudié, les auteurs de l’étude estiment que, pour la population générale, la fertilité est diminuée d’au moins 16%, et d’au plus 65%.
Concernant l’effet d’un stress survenu après l’ovulation sur l’implantation de l’embryon, les chercheurs avouent que leurs résultats sont très certainement biaisés. En effet, le stress semble, à la lecture des données, augmenter le succès de l’implantation. En réalité, explique-t-il, il est très probable que le fait d’attendre les résultats du test de grossesse (et surtout, de les obtenir) est, en soi, un facteur de stress !
Quelques hypothèses biochimiques d’un effet du stress psychologique sur la fertilité sont évoquées par les auteurs. Toutefois, ils estiment que même si les mécanismes en jeu ne sont pas précisément définis, cette étude statistique doit inciter à développer de meilleures thérapies de réduction du stress pour les femmes désireuses de concevoir, qui pourraient être particulièrement ciblées autour de la période d’ovulation.
Source : The impact of periconceptional maternal stress on fecundability. S. Akther et al. Annals of Epidemiology, 2016. doi :10.1016/j.annepidem.2016.07.015
[1] Les auteurs de l’étude publiée dans Annals of Epidemiology citent notamment :
- Distress and reduced fertility: a follow-up study of first-pregnancy planners. N.H. Hjollund et al. Fertil Steril, 1999 doi:10.1016/S0015-0282(99)00186-7
- Stress reduces conception probabilities across the fertile window: evidence in support of relaxation. G.M. Louis, et al. Fertil Steril, 2011 doi:10.1016/j.fertnstert.2010.06.078
- Preconception stress increases the risk of infertility: results from a couple- based prospective cohort studydthe LIFE study. C.D. Lynch et al. Hum Reprod, 2014 doi: 10.1093/humrep/deu032
[2] Are increased levels of self-reported psychosocial stress, anxiety, and depression associated with fecundity? C.D. Lynch et al. Fertil Steril, 2012 doi:10.1016/j.fertnstert.2012.05.018
[3] Car, bien entendu, si le stress entraîne une baisse d’activité sexuelle, les chances de concevoir sont mathématiquement diminuées… Les chercheurs expliquent avoir pris en compte cette donnée dans leurs calculs.
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