Conférence nationale du handicap : "On n'a pas pu discuter, négocier sur les mesures qui seront annoncées aujourd'hui, déplore le président du Collectif Handicaps qui boycotte la réunion à l'Elysée
"On a été consultés mais pas concertés, on n'a pas pu discuter, négocier sur les mesures qui seront annoncées", a expliqué le président du Collectif Handicaps Arnaud de Broca pour justifier de sa non-participation à la Conférence national du handicap (CNH) qui doit se tenir à l'Elysée mercredi 26 avril. Emmanuel Macron doit présenter "70 mesures fortes" qui vont déterminer les politiques du handicap dans les trois années à venir, mais pour le président de Collectif Handicaps, qui réunit 52 associations, "les ambitions ne semblent pas au rendez-vous". "On nous proposait d'être plus spectateur alors que nous, on voulait véritablement un échange avec le président de la République", a également indiqué Arnaud de Broca.
franceinfo : Pourquoi cet appel au boycott ?
Arnaud de Broca : Il y a plusieurs raisons à ce boycott. D'une part, sur la manière dont se sont passés les travaux préparatoires qui, selon nous, ne se sont pas passés dans des conditions de concertation suffisantes. On a été consulté mais pas concertés, on n'a pas pu discuter, négocier sur les mesures qui seront annoncées aujourd'hui. La meilleure preuve en est que les mesures ne sont pas encore sans doute complètement arbitrées, qu'on n'a pas véritablement de visibilité sur ces mesures alors qu'on est partie prenante de ces consultations. Ensuite, sur le fond, les ambitions ne semblent pas au rendez-vous.
"L'objectif d'une CNH est de donner un cap, une visibilité, de donner des moyens financiers. Si aujourd'hui, un certain nombre de mesures vont être annoncées avec des moyens financiers, il faudra évidemment gratter un peu derrière pour voir la réalité.
Arnaud de Broca, président du Collectif Handicapsà franceinfo
Et puis, il y a une autre raison aussi qui est plus sur le format. On nous proposait d'être plus spectateur ou de poser une question alors que nous, on voulait véritablement un échange, un débat avec le président de la République.
Vous avez chiffré ces moyens au sein de votre association. Selon vous, il faudrait 10 milliards d'euros. Quelles sont les priorités aujourd'hui ?
Les 10 milliards, c'est sur une partie de la politique de handicap, notamment pour faciliter ce qu'on appelle la compensation du handicap, c'est-à-dire l'ensemble des frais permettant à une personne handicapée de vivre à domicile, de pouvoir bénéficier d'une aide technique, d'une aide humaine. Ces 10 milliards couvrent aussi une politique pour les aidants familiaux et la création d'établissements dédiés. Mais ces 10 milliards ne couvrent pas les sujets liés à la mise en accessibilité des lieux.
Où en est-on aujourd'hui de l'accessibilité, notamment celle des bâtiments publics ?
On est dans une situation qui avance trop lentement à notre goût. Il faut avoir en tête que la première loi date de 1975, il y a eu des progrès depuis mais on en est encore très loin à la fois pour les fauteuils roulants, mais aussi pour tous les autres types de handicap. On est très en retard sur les bâtiments recevant du public, sur les commerces de son quartier, les logements où on a des problèmes d'accessibilité. Autre point qui est censé être abordé aujourd'hui, c'est l'accès à Internet pour les personnes qui sont malvoyantes ou non-voyants.
Autre point qui devrait être abordé au cours de cette CNH, l'accès à internet pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes. Acheter un billet de train sur le site de la SNCF, relève-t-il toujours du parcours du combattant ?
Oui … Mais il n'y a pas que les billets de train. S'il y a un certain nombre de sites publics qui commencent à être accessibles pour faire des démarches administratives, au bureau, au travail, tous les logiciels professionnels, et ce dans tous les métiers, ne sont pas souvent accessibles, ce qui conduit à exclure la plupart des personnes handicapées, alors que les outils numériques, évidemment, devraient plutôt permettre de les inclure.
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