Reportage "C'est important d'avoir cette liberté-là" : à Marseille, des plages accueillent les personnes en situation de handicap tout l'été

Depuis le début de l'été et jusqu'au 1er septembre, le dispositif "À nous la mer !" mis en place par la mairie de Marseille sur certaines plages permet à des personnes à mobilité réduite d'aller se baigner.
Article rédigé par franceinfo - Paul Tilliez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Grâce au Tiralo, un fauteuil amphibie déployé sur les plages marseillaises, les personnes à mobilité réduite peuvent accéder à la baignade en mer. (VILLE DE MARSEILLE)

À Marseille, la plage se veut accessible à tous. Les personnes en situation de handicap ou résidant en Ehpad peuvent profiter, depuis le début de l'été, du dispositif "À nous la mer !" pour aller se baigner. La mairie de Marseille l'a mis en place en 2022. La Pointe Rouge a d'abord été équipée, puis la plage de Bonneveine en 2023 et enfin la plage de Corbières cette année 2024. Ces plages sont ouvertes 7 jours sur 7 de 10h à 19h jusqu'au 1er septembre. Et elles offrent l'occasion pour des personnes en situation de handicap de profiter des vacances et des plaisirs de l'eau, comme tout le monde.

À la plage de Bonneveine à Marseille, Moad, 53 ans, paraplégique, est installé sur un transat flottant à roulettes appelé le "Tiralo". "Ça fait 35 ans que je suis en fauteuil roulant suite à un accident de moto, j'ai les jambes paralysées", explique ce touriste parisien. "Ces roues un peu gonflables qui créent une forme d'amortisseur, on se sent vraiment voler", dit-il à propos du "Tiralo". 

Le Tiralo, un fauteuil amphibie, permet, sans transformation, de rouler aussi bien sur la plage que de flotter sur l'eau. (NICOLAS VALLAURI / MAXPPP)

Sur la plage, il y a une espèce de rampe d'accès "qui nous permet d'accéder à la partie sable" décrit Moad avant de se mettre dans l'eau. "On passe les premières vagues et puis à partir de là, il faut se mouiller un petit peu la nuque, c'est frais mais elle est bonne !, sourit le baigneur. C'est important de pouvoir avoir cette liberté-là, ce choix de se dire 'voilà, je prends ma voiture et je vais me baigner. Et puis, je sais qu'il y a des personnes aujourd'hui pour m'accueillir."

"En termes d'autonomie, j'arrive au même degré d'autonomie qu'une personne valide."

Moad, paraplégique

à franceinfo


Moad fait quelques brasses sous le regard de sa femme, Sonia. Avant, c'était à elle d'aider son mari. "Je le mettais sur deux roues et je le descendais jusqu'en bas. Et puis après, il fallait faire le transfert dans l'eau. C'était une galère", résume-t-elle.

"C'est gratifiant"

Aujourd'hui, c'est Sami qui s'occupe de tout. Le saisonnier âgé de 20 ans parcourt la plage d'un regard attentif. "C'est toujours un certain rappel personnel de se contenter de ce qu'on a. Quand on voit certaines personnes qui ont la joie de vivre, un certain peps alors qu'il leur manque tout... On se dit comment eux ont autant la joie de vivre, alors que moi, j'ai mes deux jambes, j'arrive à marcher, et je suis triste, observe Sami. Je relativise un peu."

"On vient travailler avec le sourire, confirme Julia, elle aussi saisonnière. Certains ne se sont jamais baignés de leur vie, notamment des enfants. On voit leur bonheur parce que certains ont du mal à s'exprimer, mais qui vont l'exprimer de différentes façons en tapant dans l'eau. Ou de personnes âgées qui vont être très émues parce que ça fait cinq ans qu'elles ne sont pas allées à l'eau. C'est hyper gratifiant", conclut la saisonnière. Selon Moad, le seul petit bémol est le manque de médiatisation de ces dispositifs. Pourtant, les saisonniers sont présents tout l'été. Près d'un millier de personnes ont profité du dispositif en 2023. 

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