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Attaque au couteau au CHU de Reims : ce que l'on sait de l'agression qui a coûté la vie à une infirmière

Un homme de 59 ans a agressé lundi deux membres de cet hôpital rémois avec un couteau de cuisine, tuant une infirmière de 37 ans. Le suspect, qui présente "des antécédents psychiatriques", a été interpellé et placé en garde à vue pour tentative d'assassinat.
Article rédigé par franceinfo
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Les forces de l'ordre montent la garde devant le CHU de Reims après une agression à l'arme blanche, le 22 mai 2023. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Une infirmière a été tuée et une secrétaire médicale blessée, lundi 22 mai à l'hôpital de Reims (Marne), lors d'une agression au couteau. Les deux victimes ont été attaquées en début d'après-midi par "un homme de 59 ans, Rémois, avec des antécédents psychiatriques", a déclaré le ministre de la Santé, François Braun. Le suspect a été placé en garde à vue pour tentative d'assassinat. Voici ce que l'on sait de cette affaire.

Une attaque commise dans un vestiaire avec un couteau de cuisine

Les faits se sont déroulés lundi peu avant 13h30 au CHU de Reims, au sein du service de l'unité de médecine et santé au travail, selon un communiqué du procureur de la République. L'agression de l'infirmière et de la secrétaire médicale est survenue alors qu'elles étaient dans un vestiaire. L'homme a ensuite tenté de prendre la fuite, mais il a été très rapidement interpellé par les agents de sûreté de l'hôpital avant d'être pris en charge par la police.

Lors de son arrestation, l'homme était en possession d'un couteau de cuisine d'une vingtaine de centimètres, a appris franceinfo de source proche du dossier. Le suspect a affirmé que le couteau lui appartenait et a reconnu avoir asséné trois ou quatre coups de couteau aux victimes, selon cette même source.

Une infirmière tuée, une secrétaire médicale blessée

Après l'agression, l'infirmière grièvement blessée, qui se prénommait Carène et était âgée de 37 ans, a été prise en charge par plusieurs chirurgiens au bloc opératoire. Mais elle a finalement succombé à ses blessures, a annoncé mardi matin François Braun sur Twitter. "Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu'à toutes les équipes de l'hôpital endeuillées ce matin", a ajouté le ministre. 

L'autre victime est une secrétaire médicale âgée de 56 ans. Son pronostic vital n'est pas engagé, assure le communiqué du parquet. Elle est sortie du bloc opératoire et se trouvait lundi soir en salle de réveil, selon les informations transmises par le ministre de la Santé. "Il semblerait que les choses aillent beaucoup mieux" concernant cette seconde victime, a détaillé mardi matin le maire de Reims, Arnaud Robinet. "On attend de bonnes nouvelles", a poursuivi l'élu avant de souligner cependant qu'il fallait "rester prudent".

Le suspect avait bénéficié d'un non-lieu l'an dernier pour des faits de violences aggravées

Le suspect "semble avoir agi sans mobile apparent, d'autant qu'il n'avait pas de rendez-vous dans ce service" de "médecine et santé au travail", explique le communiqué du procureur de Reims, Matthieu Bourrette. Lors de son interpellation, le suspect a expliqué en vouloir au milieu hospitalier, selon les informations de franceinfo. Tenant des propos incohérents, il a affirmé avoir été maltraité depuis plusieurs années dans les milieux psychiatriques. Il a assuré que, à chaque fois qu'il croisera une blouse blanche, il la "plantera" car il veut "se venger". Il "semble souffrir de troubles sévères et fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée", selon le communiqué du parquet.

L'homme a été placé en garde à vue pour tentative d'assassinat et l'enquête a été confiée au commissariat central de Reims. Il avait bénéficié en juin 2022 d'un non-lieu "pour irresponsabilité pénale" après avoir été "mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des faits de violences aggravées", a précisé le procureur de Reims. "Ce dossier devait tout prochainement être évoqué par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Reims pour statuer sur les mesures de sûreté susceptibles d'être prises."

Le ministre de la Santé promet d'agir alors que les violences envers les soignants ont explosé

François Braun a promis de tirer rapidement les leçons de ce drame. "Je réunirai avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels" pour "voir ce que l'on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants", a déclaré le ministre de la Santé lors de son point-presse à l'hôpital de Reims.

La Fédération hospitalière de France, présidée par le maire de Reims, a souligné dans un communiqué que "cette agression" s'inscrivait "dans un contexte plus général marqué, ces dernières années, par plusieurs faits de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics". Les violences envers les professionnels de santé ont augmenté de près de 23% en 2022 par rapport à 2021, alerte justement un rapport de l'Observatoire de la sécurité des médecins dévoilé mardi. "Malheureusement, les soignants sont de plus en plus visés par des actes de violence : 37% des professionnels de santé disent en avoir été victimes l'an dernier", réagit aussi le président de Fédération de l'hospitalisation privée, Lamine Gharbi. "Cette violence en milieu de santé, comme à Reims, est absolument intolérable."

"Le monde de la psychiatrie manque de moyens cruellement", a affirmé lundi sur franceinfo Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur, président du Collectif santé en danger. "Depuis la crise Covid, il y a un climat délétère" avec "beaucoup de soignants menacés", ajoute-t-il. Selon lui, la psychiatrie a besoin de "personnels spécifiques qui doivent être valorisés".

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