Augmentation du recours à l'intérim à l'AP-HP : "C'est un vrai poison qui désorganise les équipes", analyse Frédéric Bizard, le président de l'Institut Santé

Augmentation du recours à l'intérim à l'AP-HP : "C'est un vrai poison qui désorganise les équipes", analyse Frédéric Bizard, le président de l'Institut Santé
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un membre du personnel médical dans un couloir de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le 12 décembre 2023 à Paris. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Le recours aux intérimaires dans le domaine de la santé est "un vrai poison qui désorganise les équipes", analyse jeudi 2 mai sur franceinfo Frédéric Bizard, professeur d’économie à ESCP Europe et président de l’Institut Santé, un organisme de recherche dédié à la refondation de notre système de santé. En un an, le recours aux intérimaires dans les hôpitaux publics parisiens de l'AP-HP a bondi de 26% sur le premier trimestre 2024 par rapport à la même période de 2023, a révélé France Inter jeudi

"Comme on fait depuis des années avec notre système de santé, on s'attaque aux symptômes et pas aux causes, donc on a plafonné les salaires d'intérimaires à 1 390 euros pour une garde de 24 heures, on a eu une loi Valletoux qui a interdit aux personnels paramédicaux en début de carrière de faire de l'intérim, mais tout ça, c'est juste aborder le symptôme et pas les causes de la crise à l'hôpital public", fulmine le professeur, qui souhaite plutôt s'attaquer à "la gouvernance des hôpitaux, qu'il faut remédicaliser, aux évolutions de carrière, à la formation continue" pour résoudre la crise. Selon lui, cette augmentation drastique du recours aux intérimaires montre surtout "la dégradation de l'environnement de travail à l'AP-HP et dans l'ensemble des hôpitaux publics". 

Un impact "systémique"

Le recours à l'intérim est "un vrai poison qui désorganise les équipes, ça crée des tensions" en raison des écarts salariaux importants entre les titulaires et les intérimaires. Pour les infirmières, la rémunération peut passer du simple au double, alors que les intérims "ont beaucoup moins d'obligations, choisissent quand elles veulent travailler, ce qui crée une profonde inégalité au sein des institutions".

Et ce recours a un coût très important et absorbe une partie du budget des hôpitaux, qui absorbent ainsi 44% du budget de l'assurance-maladie, mais seulement "pour survivre, et pas pour se développer, pour investir" se désole-t-il, "et tout ça aux dépens de la prévention, de la médecine de ville et des Ehpad, donc on voit que ça a un impact systémique". 

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